Page 61 - Le Vatican l'argent et le pouvoir
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que puissante). En septembre 1984, le premier ministre Dom
Mintoff se prononçait à l'improviste pour la gratuité de l'ensei-
gnement. Ce qui allait a l'encontre des intérêts des soixante-
douze écoles confessionnelles de l'île (20.000 étudiants) qui refu-
saient de commencer l'année scolaire. La 'guerre scolaire' était
déclarée. Le bras de fer dura deux mois, et fut émaillé de mani-
festations violentes et même d'actes de terrorisme. Rome ap-
puyait en tous points la fermeté de son évêque. En novembre, un
accord provisoire était souscrit: l'État s'engageait à financer les
écoles catholiques durant un an, en contrepartie de la rédaction
d'une liste complète des biens ecclésiastiques (afin d'estimer le
réel besoin d'aide publique de chaque institut).
L'accord qui renforce l'emprise culturelle de l'Église maltaise, fut
signé à un moment particulier : juste alors, Malte renégociait
avec le gouvernement de Rome le traité de 1980 portant sur la
protection militaire de l'île par l'Italie, intégrant une subvention
de 60 millions de dollars et la permanence d'une mission techni-
que. Les nouvelles propositions italiennes étant jugées peu crédi-
bles, Dom Mintoff s'adressa à Kadhafi (la Lybie avait déjà été
présente à Malte jusqu'en 1979) qui, surenchérissant, offrait pé-
trole et aide militaire directe.
On comprend mieux l'enjeu de ce retournement d'alliance quand
on sait que Malte se situe à 110 kilomètres de la Sicile et à 350
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