Page 17 - Bible Ostervald 1744
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Discours préliminaire
ter et qui cependant, lors qu’on veut les approfondir, grand jour des peines et des récompenses était déjà
ont des difficultés que personne ne résoudra jamais. arrivé. C’est là un des principaux effets de la foi :
Ainsi, il est de la sagesse aussi bien que de la piété
dans ces occasions-là de se défaire de l’esprit de Elle rend présentes les choses qu’on espère et
curiosité et de laisser là les vains raisonnements et elle donne une pleine conviction de celles qu’on ne
les recherches téméraires qui ne feraient que nous voit point 20.
jeter dans le doute et dans l’incrédulité. Dieu a parlé,
il n’en faut pas davantage. Voilà en quoi consiste cette obéissance de foi
qui doit accompagner le lecture de l’Écriture Sainte.
Quand nous lisons les commandements et les Sans cela, on la lit et on l’écoute en vain.
lois que Dieu nous donne dans sa parole pour ser-
vir de règle à notre conduite, notre devoir est de La parole ne sert de rien lors qu’elle n’est pas mê-
croire que l’observation de ces lois est absolument lée avec la foi en ceux qui l’entendent 21.
nécessaire et de nous y conformer. C’est ici, surtout
où le sens de l’Écriture n’est jamais obscur et où Avec piété et dévotion.
il est impossible de se tromper, à moins qu’on ne La dernière disposition qu’on doit apporter à cette
s’aveugle volontairement. Ainsi, il n’y a pas d’autre lecture c’est la piété et la dévotion. Cette disposition
parti à prendre que de se soumettre humblement est la principale et elle renferme toutes les autres.
et en simplicité de cœur à tout ce qu’il plaît à Dieu Il faut que celui qui lit l’Écriture aime la vérité et la
de nous commander, nous souvenant toujours qu’il vertu, qu’il ait le cœur porté au bien et une intention
a une souveraine autorité sur nous et qu’il ne nous sincère de connaître la volonté de Dieu et de la faire.
prescrit rien qui ne tende à notre bonheur. Quand Cette droiture d’intention est ce que notre Seigneur
même ce que Dieu nous commande nous paraîtrait appelle dans l’Évangile
désagréable et fâcheux et serait opposé à nos pas- un cœur honnête et bon qui fait que l’on retient
sions et à nos inclinations les plus chères, il suffit la parole et qu’on en rapporte le fruit avec persévé-
que Dieu ait parlé et qu’il ait dit : Vous ferez ceci rance 22.
pour qu’il faille le faire, vous ne ferez pas cela pour C’est ce qui rend l’esprit attentif et ce qui donne ce
qu’il faille s’en abstenir. Il faut alors imposer silence sage discernement qui est si nécessaire pour bien
aux passions et ne point écouter les suggestions connaître ce que Dieu veut que nous sachions et
de notre propre cœur, car ce ne sont que les pas- que nous fassions pour être sauvés. Avec cette in-
sions qui nous font trouver des difficultés dans ce tention on entre toujours dans le vrai sens de l’Écri-
que Dieu ordonne et qui nous suggèrent de fausses ture et on en découvre les beautés. Jésus-Christ
raisons pour nous dispenser d’obéir. Et si pour cela nous l’apprend par ces paroles si remarquables :
il faut résister à nos penchants et à nous faire vio- Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il con-
lence à nous-mêmes c’est par là que nous ferons naîtra ma doctrine 23.
voir que la foi et l’amour de Dieu sont le principe Dieu se révèle à ceux qui le cherchent et c’est
de notre conduite. Ce n’est même qu’en résistant à dans leurs cœurs qu’il répand les plus vives lu-
nos inclinations et en surmontant nos répugnances mières de son esprit et les connaissances les plus
que notre obéissance peut-être éprouvée et que salutaires.
nous pouvons montrer que nous soumettons notre Après cela, la lecture de l’Écriture Sainte de-
volonté à celle du Seigneur. Mais il est dangereux mande un cœur plein de dévotion. La dévotion est
et tout à fait contraire à la foi de raisonner quand nécessaire dans la prière de l’aveu de tous ceux
Dieu commande et de contester, soit sur la nature, qui ont quelque religion. Elle ne l’est pas moins
soit sur la nécessité de nos devoirs. C’est pour ban- dans la lecture. Quand Dieu nous parle dans sa pa-
nir tous ces faux raisonnements, tous ces vains pré- role, nous ne devons pas moins être pénétrés de
textes, par lesquels on prétend éluder les déclara- ces sentiments tendres et affectueux, de respect, de
tions les plus expresses de la parole de Dieu que zèle, de joie et d’amour, que la dévotion produit, que
les apôtres ont accoutumé de dire lorsqu’il s’agit des nous devons l’être quand nous lui parlons dans nos
lois par lesquelles nous serons jugés : prières. La prière ne doit jamais être séparée de la
lecture. On ne saurait mieux se disposer à écouter
Ne vous abusez point. Ne vous séduisez point la voix de Dieu qu’en l’invoquant et en tenant son
vous-mêmes par de vains discours. cœur élevé à lui. C’est en priant et en implorant avec
humilité le secours du Saint-Esprit que l’on obtient
Enfin, cette soumission doit avoir lieu à l’égard cette grâce qui fléchit le cœur à l’amour de Dieu et
des promesses et des menaces. Cela veut dire que à l’observation de ses lois. Ce n’est aussi que par
lors que l’Écriture nous parle de la félicité de la vie là que la lecture de l’Écriture Sainte peut nous deve-
à venir ou des peines qui sont réservées aux mé- nir salutaire et nous conduire au but pour lequel le
chants, nous ne devons pas plus douter de la certi- Seigneur l’a faite rédiger par écrit. Dieu veuille que
tude de ces promesses et de ces menaces que si les réflexions qu’on vient de faire et celles qui sont
nous en voyions déjà l’accomplissement et que si le répandues dans le corps de cet ouvrage produisent
cet effet sur ceux qui les liront !
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