Page 9 - La Sainte Bible de David Martin 1864
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chargeant généreusement de cacher sa femme et ses enfants, qui le rejoignirent plus tard en
Hollande, où il se réfugia.

Martin arriva à La Haye dans le mois de novembre 1685. Quelque temps après, il fut placé à
Utrecht comme ministre surnuméraire. Son mérite ne pouvait tarder à lui procurer une place de
pasteur ordinaire. Dès le 16 février 1686, il fut nommé professeur de théologie à l'École illustre
de Deventer; mais la régence d'Utrecht, qui avait déjà pu apprécier ses talents, ne voulut point
le laisser partir et le retint comme ministre de l'église wallonne. Ce fut en vain que plusieurs
universités lui offrirent des emplois honorables; il les refusa pour ne point se séparer de son
église. Il ne voulut pas non plus, en 1695, accepter la vocation que lui adressa l'église de La Haye
comme successeur d'Isaac Claude, fils du célèbre Jean Claude, son amie et son allié. Modeste et
sans ambition, il n'aspirait pas à un poste élevé; il ne cherchait pas à briller, mais à être utile.
Dans ce but louable, il ne se contenta pas de s'acquitter de ses fonctions pastorales avec une
scrupule fidélité, et de composer des ouvrages dont quelques-uns, comme son Histoire du Vieux
et du Nouveau Testament et sa révision de la Bible, ont, sans aucun doute, puissamment
contribué à l'instruction, ainsi qu'à l'édification dans les églises protestantes; il consentit même
à recevoir chez lui quelques jeunes gens pour leur enseigner la philosophie et la théologie et
leur inspirer l'amour de la vertu par ses instructions et son exemple. Il eut l'honneur de compter
parmi ses disciples des fils même de souverains.

Le vœu le plus ardent de Martin était de mourir en chaire; il fut exaucé. Le 7 septembre 1721, à
l'âge de 82 ans, il fit sur la sagesse de la Providence un sermon où il se surpassa: mais après
avoir terminé sa prédication, il se sentit si épuisé qu'il fallut le transporter chez lui. Une fièvre
violente l'enleva en deux jours.

"Il avait l'esprit vif, pénétrant et très présent, la mémoire heureuse, le jugement excellent, lit-on
dans la Vie de D. Martin par Claude. Il cherchait toujours à s'instruire; continuellement il faisait
des questions, sans avoir la fausse honte de donner à connaître qu'il ignorait quelque chose;
tout excitait sa curiosité, arts, sciences, affaires; cependant rien ne se confondait dans son
esprit, il ne mettait chaque chose qu'en sa place... Avec lui la conversation ne tarissait jamais, il
y portait la franchise et la gaité de son pays: il était plein de feu, et il avait la repartie prompte...
A le considérer du côté du cœur, on le lui trouvait affectueux, tendre, compatissant. Il était si
attaché à ses amis qu'on l'a vu, trente ou quarante ans après leur mort, s'intéresser vivement au
sort de ceux qui leur avaient appartenu."
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