Page 8 - La Sainte Bible de David Martin 1864
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témoignage infaillible, ils puissent véritablement connaître avec exactitude la pensée de Dieu
avec la Bible Martin..
Fils de Paul Martin, qui fut à deux reprises revêtu de la dignité de consul à Revel, et de Catherine
Cardes (alias Corde). Martin fit sa rhétorique à Montauban, en 1655, et sa philosophie à Nîmes,
en 1655, sous le fameux Derodou. Le 21 juillet 1659, il prit le grade de maître-ès-arts et de
docteur en philosophie, après avoir soutenu avec éclat, depuis le matin jusqu'au soir et sans
président, des thèses in universam philosophiam. Comme il se destinait à la carrière
ecclésiastique, il se rendit à l'académie de Puy-Laurens, où professaient Verdier et André
Martel, et il se fit remarquer parmi ses condisciples par son application et ses succès. L'Écriture
Sainte, les écrits des Pères et ceux des commentateurs de la Bible étaient son étude favorite ;
les langues orientales et l'histoire ecclésiastique n'avaient guère moins d'attraits pour lui, et la
lecture des chefs d'œuvre de l'antiquité, sacrée ou profane, le délassait de ses travaux plus
sérieux. Son ardeur pour apprendre faillit lui coûter la vie : une tension de l'esprit trop
soutenue, jointe au défaut d'exercice corporel, lui occasionna une maladie qui le conduisit aux
portes du tombeau. À peine guéri, il se rendit à Mazamet, où s'était assemblé un synode
provincial, qui l'admit au ministère, en 1663, et le donna à l'église d'Espérausses, alors agitée de
funestes dissensions. Son humeur douce et conciliante ne tarda pas à y rétablir la paix que son
prédécesseur n'avait pas su maintenir. En 1670, il fut appelé à La Caune (Lacaune (Tarn)), où il
exerça son ministère jusqu'à l'interdiction du culte réformé. Chéri de son troupeau, respecté
des Catholiques, dont il s'était concilié l'estime par l'aménité de ses mœurs, il ne voulut jamais
consentir à quitter son église, ni pour celle de Milhau, dont il reçut vocation à plusieurs reprises,
ni pour la chaire de théologie à l'académie de Puy-Laurens, qu'on lui offrit, en 1681, après la
mort de Théophile Arbussi. Il fallut que la révocation de l'édit de Nantes l'en arrachât
violemment.
Pendant les persécutions qui préludèrent à cet acte inique, Martin rendit d'importants services
aux églises. Son zèle, sa fermeté, sa prudence étaient si bien connus que ses collègues le
chargeaient toujours de la défense des intérêts de l'Église protestante dans les affaires les plus
délicates. Aussi était-il particulièrement en butte à la haine du clergé romain. Il était impossible
qu'on ne lui suscitât par quelque procès. C'est ce qui eut lieu, en effet ; mais il se défendit avec
tant de dignité, de force et d'esprit, qu'il confondit ses accusateurs, et, contre toute attente,
força l'évêque de Castres lui-même à reconnaitre son innocence. Son zèle le jeta dans un plus
grand danger lorsque la révocation de l'édit de Nantes ferma son temple. Convaincu qu'il devait
obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes, il voulut continuer les fonctions de son ministère ; mais il
n'aurait pas tardé à payer cher son imprudence, si des Catholiques de ses amis ne l'avaient
averti assez à temps qu'il allait être arrêté, et ne lui avaient facilité les moyens de fuir, en se