Page 81 - LES DEUX BABYLONES

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à leur enseigner, le ciel, c'est-à-dire Dieu, devait paraître tout rapproché de la
terre.
Maintenir l'union entre le ciel et la terre, et la maintenir aussi étroite que
possible, tel doit avoir été le grand but de tous ceux qui aimaient Dieu et les
intérêts de l'humanité. Mais cela impliquait qu'il fallait s'abstenir et se
débarrasser de toute espèce de vice, et de tous ces plaisirs de péché après lesquels
l'esprit naturel non renouvelé, non sanctifié soupire continuellement. C'est là ce
que tout esprit impur doit avoir senti comme un état d'insupportable esclavage.
"L'affection de la chair est ennemie de Dieu, elle n'est pas soumise à la loi de
Dieu, et aussi elle ne le peut."
Elle dit au Tout-Puissant :
"Retire-toi de nous, car
nous ne désirons pas connaître tes voies."
Tant que domina l'influence du grand père du monde nouveau, tant qu'on
s'attacha à ses maximes, que le monde fut entouré d'une atmosphère de sainteté,
quoi d'étonnant que ceux qui vivaient loin de Dieu et de la piété, sentissent le
ciel, son influence, son autorité, dans une intolérable proximité, et que dans ces
circonstances, ils ne pussent pas marcher, mais seulement ramper, c'est-à-dire
qu'ils n'étaient pas libres de marcher d'après les regards de leurs yeux et
l'imagination de leur coeur ! Nemrod les affranchit de cette servitude. Par
l'apostasie qu'il introduisit, par la liberté de vie qu'il développa chez ceux qui se
rallièrent autour de lui, et en les éloignant des saintes influences qui les avaient
déjà plus ou moins travaillés, il les aida à repousser Dieu et la stricte spiritualité
de sa loi, et devint ainsi l'Élévateur des cieux, amenant les hommes à penser, à
agir, comme si les deux étaient loin de la terre, et comme si le Dieu des cieux ne
pouvait voir à travers un épais nuage, ou comme s'il ne voyait pas avec déplaisir
les violateurs de ses lois. Dès lors tous ceux-là sentaient qu'ils pouvaient respirer
à l'aise et marcher en toute liberté. Pour cette raison, ces hommes ne pouvaient
que voir en Nemrod leur grand bienfaiteur.
Or qui aurait pu croire qu'une tradition de Tahiti illustrerait l'histoire d'Atlas ? Et
cependant rapprochez Atlas portant les cieux sur ses épaules de ce héros déifié
des mers du Sud, qui rendit le monde heureux en soulevant les cieux qui
l'écrasaient, et vous trouvez entre les deux une analogie extraordinaire
!
Ainsi, on voit qu'Atlas avec les cieux reposant sur ses larges épaules ne se
rapportait pas simplement à une célébrité astronomique quelque grande qu'elle
fût, comme quelques-uns l'ont pensé, mais bien à quelque chose d'entièrement