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"l'intelligence des temps"
, c'est en vain que nous attendrons
"pour savoir ce que
doit faire Israël"
. Si nous disons :
"paix et sûreté"
, quand le péril nous menace, si
nous amoindrissons la nature de ce péril ; nous ne serons pas prêts pour le grand
combat, quand il faudra le livrer !
L'auteur ne fait pas de l'humiliation du roi de Babylone celle de l'Église.
Comment donc peut-il établir une relation entre les sept temps de ces deux
cas ? Il semble croire qu'il suffit de trouver un point commun entre
Nebuchadnezzar et la puissance qui opprima l'Église pendant deux fois sept
temps. Ce point est la
"folie"
de l'une et l'autre. Mais voici l'objection capitale
à cette opinion : la folie de Nebuchadnezzar n'était qu'une affliction ; dans
l'autre cas c'était un péché. La folie du roi ne l'entraîna pas à opprimer un seul
individu mais la folie de cette puissance terrestre dans cette théorie est
essentiellement caractérisée par l'oppression des saints. Où donc est, entre les
deux, la moindre analogie ? Les sept temps du roi de Babylone n'étaient que
ceux de l'humiliation. Le monarque souffrant ne peut être un type de l'Église
souffrante et encore moins ces sept temps d'humiliation profonde. Tout
pouvoir et toute force enlevés, peuvent-ils être un type de la puissance
terrestre, quand cette puissance allait concentrer toute gloire et grandeur de la
terre ? Telle est l'objection funeste à cette théorie. Regardons la phrase
suivante et comparons-la au fait historique pour mieux montrer combien la
théorie est peu fondée.
"Il s'en suit incontestablement, dit l'auteur, que comme
l'Église doit être tyrannisée par la puissance idolâtre pendant toute la durée
des sept temps, elle sera opprimée pendant la première moitié des sept temps
par l'idolâtrie sous la forme du paganisme et pendant la seconde moitié par
l'idolâtrie sous la forme de la papauté."
Or, les premières 1 260 années de
l'oppression de l'Église par l'idolâtrie païenne se sont exactement accomplies,
dit-on, en 530 ou 532, quand Justinien amena tout à coup sur la scène un
nouvel oppresseur. Mais où trouvait-on la puissance terrestre avant 530
maintenant l'idolâtrie comme paganisme ? Depuis Gratien au moins, en 376,
où y avait-il un tel pouvoir persécuteur ? Les nécessités de cette théorie
demandent que le paganisme déclaré soit persécuteur de l'Église jusqu'en 532
mais, pendant 156 ans (depuis 376), il n'y eut au monde de pouvoir païen
capable de persécuter l'Église.
"Les jambes du boiteux, dit Salomon, ne sont
pas égales"
et si aux 1 260 années annoncées il n'en manque pas moins de
156, on peut dire que cette théorie est bancale.