Page 426 - LES DEUX BABYLONES

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du péché, qui vint prendre les péchés des hommes, prit leur place et souffrit pour
eux : Olenos, en effet, comme nous l'avons vu, prit volontairement sur lui une
faute dont il était personnellement innocent.
En considérant ainsi combien les symboles mystiques du
paganisme cachaient de foi patriarcale, nous trouvons
encore une circonstance remarquable concernant la pierre
enroulée ; elle montre combien le mystère d'iniquité de
Rome s'est efforcé d'introduire la pierre du paganisme dans
ce qu'on appelle le symbolisme chrétien. Le Baitulos ou la
pierre enroulée était
σπρογγυλοζ λιθοζ
, (BRYANT, vol. II,
p. 20, note) une pierre ronde ou ovale. Cette pierre ovale
nous apparaît souvent entourée et recouverte tantôt de
plusieurs, tantôt de deux ou trois bandelettes. Dans Bryant
(vol. III, p. 246) la déesse Cybèle est représentée comme
Spes Divina, ou l'espoir divin ; nous voyons le fondement
de cet espoir divin proposé au monde sous l'image de la
pierre enroulée dans sa main droite de différentes
bandelettes. Dans David (
Antiquités Étrusques
, vol. IV, fig.
27) nous voyons une déesse représentée avec la boîte de
Pandore, source de tous les maux, dans sa main étendue,
avec un globe enroulé qui y est suspendu ; ici ce globe n'a que deux bandelettes,
l'une croisant l'autre. Et qu'est-ce que ce globe à bandelettes du paganisme sinon
la contrepartie du globe entouré d'un bandeau et surmonté du Tau mystique ou de
la croix, qui est appelé l'emblème du pouvoir, et qu'on représente souvent comme
dans la
dans les mains des images profanes de Dieu le père ? Le
lecteur n'a pas besoin qu'on lui dise maintenant que la croix est le signe choisi et
la marque de ce même Dieu que représentait la pierre bandée, et de ce dieu dont
on dit à sa naissance :
"Le Seigneur de toute la terre est né."
(WILKINSON, vol.
IV, p. 130).
Comme le dieu symbolisé par la pierre bandée non seulement rendait la vie aux
enfants de Saturne, mais rendait à Saturne lui-même la domination universelle
qu'il avait perdue par la transgression, il ne faut pas s'étonner si on nous dit
quequelques-unes de ces pierres étaient consacrées à Jupiter, d'autres au soleil, et
qu'elles étaient regardées d'une manière plus particulière encore comme
consacrées à Saturne, le père des dieux, (MAURICE, vol. II, p. 348) ; il ne faut
pas s'étonner non plus par conséquent, que Rome ait mis la pierre ronde dans la
Fig. 60 – Dans
l'Iconographie
de Dioron.