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le père des centaures est attaché par des serpents à une roue qui tourne sans cesse
et qui rend ainsi son châtiment éternel (DYMOCK,
sub voce
). Il y a évidemment
dans les serpents une allusion à l'un de ces deux emblèmes du culte du feu de
Nemrod. S'il a introduit le culte du serpent, comme j'ai cherché à le montrer
, il y avait une justice poétique à faire du serpent un instrument de sa
punition. Dès lors la roue qui tourne désigne très clairement le nom même du
Centaure et dénote le prêtre du soleil qui tourne. Il y avait une allusion bien
distincte au culte du soleil, celui qui tourne dans le cercle, qui chez les païens
était l'emblème du dieu soleil et de la roue étincelante par laquelle il était si
souvent représenté (WILSON,
La religion des Parsis
, p. 31) et aussi dans les
danses circulaires des Bacchanales. De là la phrase :
"Bassaridum rotator Evan"
,
l'Évan tournant des Bacchantes (STATIUS,
Sylv
., liv. Il, sect 7, v. 17, p. 188).
De là aussi les danses circulaires des Druides, indiquées dans la citation suivante
d'une chanson druidique :
"Le bord de la mer était couvert d'une foule
innombrable ; les choeurs vêtus de blanc exécutaient avec une gracieuse folie
leur danse circulaire."
(DAVIES,
Les Druides
, p. 172). Cette danse circulaire
des païens idolâtres se rapportait au circuit du soleil ; nous en avons la preuve
dans une déclaration formelle de Lucien (
Traité sur la danse
). Parlant de la danse
circulaire des anciennes nations de l'Orient, il dit, faisant une allusion expresse
au dieu-soleil :
"elle consistait en une danse qui imitait ce dieu"
. (LUCIEN, vol.
II, p. 278). Nous voyons donc ici une raison bien caractéristique de la danse
circulaire des Bacchantes et de la roue toujours tournante du grand Centaure des
régions infernales.