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Il n'est pas étonnant que l'on en vînt enfin à croire que le Messie, sur lequel
reposaient toutes les espérances du monde, fût lui-même la semence du serpent !
Ce fut évidemment le cas en Grèce, car on répandit l'histoire que le premier
Bacchus fut mis au monde par suite du rapprochement de sa mère avec le père
des dieux sous la forme d'un serpent tacheté
Ce père des dieux était
évidemment le dieu de l'enfer, car Proserpine, mère de Bacchus, qui conçut et
enfanta miraculeusement l'enfant merveilleux dont l'enlèvement par Pluton
occupait une si grande place dans les mystères, fut adoré comme la femme du
dieu de l'enfer (nous l'avons déjà vu) sous le nom de la sainte Vierge
L'histoire de la séduction d'Ève par le serpent
est entièrement transportée
dans cette légende, comme Julius Firmicus et les premiers apologistes chrétiens
l'ont jeté à la face des païens de leur temps, mais la parole divine donne sur ce
sujet des détails bien différents de la légende païenne
. Ainsi le
grand trompeur, avec son habileté ordinaire, comme un joueur qui pipe les dés,
au moyen des hommes qui tout d'abord manifestèrent une grande horreur pour
son caractère, se fit presque partout reconnaître en réalité comme le
"dieu de ce
monde"
. Telle était la profondeur et la puissance de l'influence que Satan s'était
efforcé d'exercer sous ce caractère sur le monde ancien, qui même le jour où le
christianisme apparut dans l'humanité et où la véritable lumière brilla du ciel, la
doctrine que nous avons étudiée se répandit parmi ceux-là mêmes qui faisaient
profession d'être les disciples du Christ.
Ceux qui acceptaient cette doctrine s'appelaient Ophiens ou Ophites, c'est-à-dire
adorateurs du serpent.
"Ces hérétiques, dit Tertullien, honorent le serpent au
point de le préférer même à Christ ; car il nous a donné, disent-ils, la première
connaissance du bien et du mal. C'est parce qu'il devina son pouvoir et sa
majesté que Moïse fut amené à élever le serpent d'airain, afin que quiconque le
regarderait fût guéri. Christ, lui-même, affirment-ils, sanctionne dans l'Évangile
le pouvoir sacré du serpent, lorsqu'il dit : Comme Moïse éleva le serpent dans le
désert, de même il faut que le fils de l'homme soit élevé
;
. Ils prononcent ces paroles lorsqu'ils bénissent l'Eucharistie."
Ces
hérétiques adoraient ouvertement l'ancien serpent ou Satan comme étant le grand
bienfaiteur de l'humanité : c'est lui, qui, disent-ils, a donné aux hommes la
connaissance du bien et du mal. Mais ils avaient apporté cette doctrine avec eux
de l'ancien monde païen, d'où ils étaient sortis, ou des mystères, tels qu'ils étaient
reçus ou célébrés à Rome. Quoique Teitan à l'époque d'Hésiode, et dans la Grèce
primitive, fût un nom injurieux, cependant à Rome, aux jours de l'empire et
auparavant, il était devenu exactement le contraire.
"Le splendide ou glorieux