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les deux écrivains grecs les plus anciens de tous, malgré les récentes légendes qui
s'y sont évidemment mélangées, est la contrepartie exacte du récit scripturaire de
Satan et de ses anges. Homère dit que tous les dieux du Tartare ou de l'enfer
étaient appelés Teitans
Hésiode nous dit comment ces Teitans ou dieux de
l'enfer vinrent demeurer dans ce séjour. Leur chef ayant commis un acte de
méchanceté contre son père, le Dieu suprême, avec l'assentiment de beaucoup
d'autres enfants du ciel, les appela tous d'un nom infamant, Teitans
; il les
maudit, et comme conséquence de cette malédiction, ils furent précipités dans
l'enfer et enchaînés dans des chaînes de ténèbres au fond de l'abîme
Tel est
chez les Grecs le récit le plus ancien sur Teitan et ses sectateurs : dans le système
chaldéen nous voyons que Teitan était exactement le synonyme de Typhon, le
serpent méchant ou le dragon qui était universellement regardé comme le diable
ou l'auteur de toute méchanceté. Ce fut Typhon, suivant la version païenne de
l'histoire, qui tua Tammuz et le mit en pièces mais Lactance, qui connaissait
parfaitement la question, reproche à ses amis païens d'adorer un enfant mis en
pièces par les Titans
Il est donc hors de doute que Titan, dans la croyance païenne, était identique au
dragon ou Satan
Dans les mystères, nous l'avons vu, un important
changement se produisit dès que tout fut préparé pour le permettre. Tout d'abord,
Tammuz fut adoré comme étant celui qui écrase la tête du serpent ; on montrait
par là qu'il était le destructeur annoncé du royaume de Satan. Alors on accorda au
dragon lui-même ou à Satan une certaine apparence de culte, pour le consoler,
disaient les païens, de la perte de son pouvoir, et pour l'empêcher de leur nuire
et enfin le dragon ou Teitan, ou Satan, devint le suprême objet de culte, les
Titania, ou rites de Titan, occupaient en effet une place importantes dans les
mystères Égyptiens
et aussi dans ceux de la Grèce
La place
qu'occupaient ces rites de Teitan ou de Satan était en effet capitale ; on en jugera
par le fait que Pluton, dieu de l'enfer (qui sous son caractère postérieur devint
précisément le grand adversaire), fut considéré avec terreur comme le grand dieu
sur lequel reposait surtout la destinée humaine dans le monde éternel ; c'est à lui,
disait-on, qu'il appartient de purifier les âmes après la mort
Le purgatoire
ayant été dans le paganisme, comme il l'est aujourd'hui dans la papauté, le grand
pivot de la fraude cléricale et de la superstition, quel n'est pas le pouvoir attribué
au dieu de l'enfer par une pareille doctrine ! Il n'est donc pas étonnant que le
serpent, le grand instrument du démon pour séduire l'humanité, fût sur toute la
terre adoré avec un respect si extraordinaire ; car il est écrit dans l'Octateuch
d'Ostanes, que les serpents étaient les chefs des dieux et les princes de l'univers