Page 366 - LES DEUX BABYLONES

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longtemps avant que le pape n'eût sa couronne temporelle. Nous en trouvons la
preuve à la fois dans Guizot et dans Gibbon. Après avoir montré que déjà avant
le Ve siècle, le clergé était non seulement distinct, mais indépendant du peuple,
Guizot ajoute :
"Le clergé chrétien avait cependant une autre source d'influence.
Les évêques et les prêtres devinrent les principaux magistrats municipaux. Si
vous ouvrez le code, soit celui de Théodose, soit celui de Justinien, vous
trouverez beaucoup de règles qui remettent les affaires municipales au clergé et
aux évêques."
Guizot fait plusieurs citations. L'extrait suivant du code de
Justinien suffit à montrer l'étendue du pouvoir civil des évêques.
"Quant aux
affaires annuelles des cités, soit celles qui concernent les revenus ordinaires de
la ville, soit qu'il s'agisse de fonds provenant de sa propriété ordinaire ou des
dons et des legs, ou de quelqu'autre ressource ; soit qu'il s'agisse de travaux
publics, de dépôts de provisions ou d'aqueducs, de l'entretien des bains, des
ports ou de la construction de murs ou de tours, de la réparation des ponts ou
des routes ; ou de procès dans lesquels la cité peut être engagée pour des
intérêts publics ou privés, nous ordonnons ce qui suit : le très pieux évêque et
trois notables choisis parmi les premiers de la cité, se réuniront chaque année,
ils examineront les ouvrages exécutés ; ils prendront soin que ceux qui les
conduisent ou qui les ont conduits les règlent avec précision, rendent leurs
comptes, et montrent qu'ils ont rempli leurs engagements dans l'administration
des affaires, soit qu'il s'agisse des monuments publics, soit qu'il s'agisse des
sommes dépensées pour les approvisionnements, pour les bains, ou des dépenses
dans l'entretien des routes, des aqueducs, ou de tous autres travaux
"
Voilà
une bien grande liste des fonctions laissées aux soins spirituels du très pieux
évêque ; mais pas une seule n'est mentionnée dans l'énumération des devoirs d'un
évêque, telle que la fait la Parole de Dieu
;
. Comment
les évêques qui furent dans l'origine désignés pour des objets purement spirituels
s'efforcèrent-ils de s'emparer d'une telle étendue de pouvoirs temporels ?
Gibbon nous fournit la lumière sur la vraie origine de ce que Guizot appelle
"ce
prodigieux pouvoir"
. L'auteur de
"Déclin et chute"
montre que peu de temps
après Constantin, l'Église (et par conséquent les prêtres, plus spécialement,
quand ils essayèrent de former un corps distinct de l'autre clergé) obtint un grand
pouvoir temporel par le droit d'asile qui avait appartenu aux temples païens, et
fut transféré par les empereurs aux églises chrétiennes. Voici ses paroles :
"Il
était permis aux fugitifs et même aux coupables d'implorer la justice ou la pitié
de la déesse et de ses ministres
"
Ainsi furent jetés les fondements de
l'envahissement sacerdotal dans les droits des magistrats civils, ainsi le clergé fut