Page 352 - LES DEUX BABYLONES

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été muet d'étonnement ou d'indignation devant ce profane spectacle succédant au
culte en esprit et en vérité d'une congrégation chrétienne. Voici qu'on a ouvert
toute large la porte de l'Église. Ce qui le frappe, c'est la fumée de l'encens, le
parfum des fleurs, l'éclat des lampes et des cierges qui brillent en plein midi :
une pareille lumière n'est-elle pas superflue, bien plus, sacrilège
?"
Gibbon
donne des détails plus concluants encore. Maintenant peut-on croire que tout cela
fut accidentel ? Non ; c'était évidemment le résultat de cette politique sans
principes dont nous avons vu, dans le cours de nos recherches, beaucoup
d'exemples fournis par la papauté
Le pape Damasus vit que dans une cité adonnée exclusivement à l'idolâtrie, s'il
maintenait l'Évangile pur et entier, il devait porter la croix, affronter la haine, le
mauvais vouloir,
"endurer la peine comme un bon soldat de Jésus-Christ"
. D'un
autre côté, il ne pouvait s'empêcher de voir également, que si en portant ce titre,
autour duquel pendant tant de siècles s'étaient groupées toutes les espérances et
les affections du paganisme, il donnait à ses sectateurs des raisons de penser qu'il
voulait agir sur l'esprit original de ce titre, il pouvait compter sur la popularité,
l'agrandissement et la gloire. Quelle alternative Damasus allait-il donc choisir ?
L'homme qui entra à l'évêché de Rome comme un voleur et un larron sur les
cadavres de cent de ses adversaires
ne pouvait point hésiter sur le choix
qu'il avait à faire. Le résultat montre qu'il avait agi avec énergie ; et qu'en prenant
le titre païen de pontife, il s'était décidé même en faisant le sacrifice de la vérité,
à justifier ses prétentions à ce titre aux yeux des païens, en se donnant comme le
représentant légitime de leur longue série de pontifes. Il est impossible de faire
aucune autre supposition. Il est évident aussi que lui et ses successeurs furent
acceptés sous cette forme par les païens, qui entrant par troupes dans l'Église
Romaine et se groupant autour du nouveau pontife, ne changèrent pas leur credo
ou leur culte, mais les apportèrent tous deux avec leur personne dans l'Église
romaine.
Le lecteur a vu combien est parfaite et complète la copie de l'ancien paganisme
Babylonien, qui, sous le patronage des papes, a été introduit dans l'Église