Page 350 - LES DEUX BABYLONES

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parfois dans la détresse commune. La main de la Providence peut se voir
aisément dans ce fait, qu'à un moment si critique la terre ouvrit sa bouche pour
secourir la femme. Mais revenons-en à la période mémorable où le titre
pontifical fut décerné à l'évêque de Rome. Les circonstances dans lesquelles ce
titre païen fut donné au pape Damasus étaient de telle nature qu'elles n'auraient
pas été une légère épreuve pour la foi et pour l'intégrité d'un homme plus fidèle
que lui. Le paganisme était légalement aboli dans l'empire d'Occident, et
cependant il existait encore dans la ville aux sept collines, à ce point que Jérôme,
écrivant de Rome à cette même époque, l'appelle le cloaque de toutes les
superstitions
Aussi, tandis que partout dans l'empire l'édit impérial sur
l'abolition du paganisme était respecté, dans Rome même, il était dans une large
mesure, comme une lettre morte. Symmaque, préfet de la ville, et les familles
patriciennes les plus distinguées, étaient, aussi bien que la masse du peuple,
fanatiquement dévouées à l'ancienne religion ; aussi l'Empereur reconnut qu'en
dépit de la loi, il fallait tolérer l'idolâtrie des Romains.
Le lecteur pourra juger par les lignes suivantes de Gibbon, à quel point le
paganisme était encore enraciné dans la cité impériale, même lorsque le feu de
Vesta se fut éteint et qu'on eut retiré aux Vestales l'appui de l'État :
"La statue et
l'autel de la Victoire furent retirés de l'édifice du Sénat ; mais l'Empereur
respecta les statues des dieux exposées à la vue du public ; quatre cent vingt-
quatre temples ou chapelles furent encore laissés pour satisfaire la dévotion du
peuple, et dans chaque quartier de Rome la délicatesse des chrétiens était
offensée par la fumée des sacrifices offerts aux idoles
"
– Telle était la
puissance du paganisme à Rome, même alors que le patronage de l'état lui était
retiré, vers l'année 376. Mais transportez-vous seulement à cinquante ans plus
tard, et voyez ce qu'il est devenu. Le nom du paganisme a presque entièrement
disparu ; à ce point que le jeune Théodose, dans un édit rendu en l'an 423,
s'exprime en ces termes :
"Les païens qui existent encore, bien que nous croyons
qu'il n'y en ait plus un seul aujourd'hui
"
– Les paroles de Gibbon sur ce
sujet sont bien remarquables. Tout en admettant entièrement que malgré les lois
impériales contre le paganisme, aucune
"condition spéciale"
n'était imposée aux
sectaires qui recevaient avec confiance les fables d'Ovide, et repoussaient avec