Page 343 - LES DEUX BABYLONES

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Il nous montre le roi Cycnus, ami intime de Phaéton et par conséquent adorateur
du feu, haïssant le feu après la mort de son ami, et s'attachant à l'élément opposé,
celui de l'eau, par suite d'un sentiment de crainte ; aussi fut-il métamorphosé en
cygne
Le grand déluge qui occupe une place si extraordinaire dans la
mythologie de l'Inde, avait évidemment un sens symbolique, bien que l'histoire
de Noé y fût mêlée ; ce fut, en effet, pendant le déluge, que les Védas ou livres
sacrés après avoir été perdus,
"furent retrouvés par le moyen du grand dieu, sous
la forme d'un poisson"
. Les Védas se sont évidemment perdus au moment même
du terrible désastre des dieux ; alors que, suivant les Purans, un grand ennemi de
ces dieux, appelé Durgu, abolit toutes les cérémonies religieuses : les Brahmines,
poussés par la crainte, abandonnèrent la lecture du Véda, le feu perdit sa vertu et
les étoiles terrifiées disparurent
; en d'autres termes, ce fut lorsque l'idolâtrie,
le culte du feu et le culte de l'armée du ciel furent supprimés. Si nous revenons à
Babylone, nous trouvons les mêmes récits. Berose nous dit que le déluge survint
après l'époque d'Alasrus, le dieu du feu, c'est-à-dire Nemrod, ce qui montre bien
que, là aussi, le déluge y était symbolique. Or, Dagon, le dieu-poisson ou le dieu
de la mer, sortit de ce déluge. L'origine du culte de Dagon, comme nous le
montre Berose, reposait sur une légende : à une époque fort reculée, disait-on,
une bête appelée Oannes sortit de la Mer Rouge ou du Golfe Persique. Cette
bête, moitié homme, moitié poisson, civilisa les Babyloniens, leur apprit les arts
et les sciences, et leur enseigna la politique et la religio
Le culte de Dagon fut introduit par les mêmes personnes (à part Nemrod, bien
entendu) qui avaient déjà entrainé le monde au culte du feu. Dans les mystères
secrets qui furent alors établis, tandis que tout d'abord elles professaient sans
doute la plus vive antipathie pour le culte proscrit, elles cherchèrent à regagner
leur influence et leur pouvoir en représentant les scènes terrible du déluge dans
lesquelles on mit Noé sous le nom de Dagon ou le dieu-poisson ; toute la famille
humaine, en raison même de la nature de cet événement et aussi de la parenté
commune de tous avec le second père de la race humaine, ne pouvait manquer
d'y prendre un puissant intérêt. Les élaborateurs de ces mystères comprirent que
s'ils pouvaient seulement ramener les hommes à l'idolâtrie sous une forme