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Celui qui connaît les classiques sait que lorsque les augures romains consultaient
les cieux, ou tiraient des présages de l'aspect du ciel, ils avaient un instrument qui
leur était absolument indispensable. Cet instrument qui leur servait à décrire la
partie du ciel sur laquelle ils faisaient leurs observations, était recourbé à une
extrémité et s'appelait lituus. Ce qui prouve évidemment que le lituus ou bâton
recourbé des augures romains était identique à la crosse pontificale, c'est que les
auteurs catholiques eux-mêmes, écrivant à une époque d'ignorance où le
déguisement était jugé inutile, n'hésitaient pas à employer le mot lituus comme
synonyme de crosse
Ainsi un écrivain papal décrit un certain pape ou
évêque papal comme
"mitra lituoque decorus,"
orné de la mitre et du bâton d'une
augure ; voulant dire qu'il avait une mitre et une crosse. Mais ce lituus ou bâton
du devin, que portait l'augure romain, était emprunté aux Étrusques qui, on le
sait, l'avaient eux-mêmes pris aux Assyriens en même temps que leur religion.
De même que l'augure romain se distinguait par ce bâton recourbé, ainsi les
devins et les prêtres chaldéens, dans l'accomplissement de leurs rites, étaient
d'ordinaire pourvus d'un croc ou d'une crosse. On peut faire remonter ce croc
magique jusqu'au premier roi de Babylone, c'est-à-dire Nemrod, qui, d'après
Berosus, porta le premier, le titre de roi-berger
En hébreu ou dans le
chaldéen du temps d'Abraham, Nemrod le berger veut dire précisément Nemrod
He-Roè ; et c'est certainement du titre de
"puissant chasseur devant l'Éternel"
que dérivent à la fois le nom du héros lui-même, et tout le culte de ce héros, qui,
depuis, s'est répandu dans le monde. Il est certain que les successeurs divinisés
de Nemrod, ont été généralement représentés avec le croc ou la crosse. Ce fut le
cas à Babylone et à Ninive, comme le montrent les monuments encore debout.
La
tirée de Babylone, montre la crosse sous sa forme la plus grossière.
Dans Layard, on la trouve sous une forme un peu plus parfaite et ressemblant
presque entièrement à la crosse portée aujourd'hui par le pape
Il en était ainsi, en Égypte, après l'établissement
du pouvoir babylonien, ainsi que le témoignent
les statues d'Osiris avec sa crosse
Osiris
lui-même était souvent représenté comme une
crosse surmontée d'un oeil
C'est ce qui se
fait chez les nègres africains dont le dieu,
appelé le Fétiche, est représenté sous la forme
d'une crosse comme le montrent évidemment
ces lignes de Hurd :
"Ils mettent des fétiches
devant leurs portes, et ces divinités sont faites
sous la forme de ces grappins ou de ces crocs
Fig. 51