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Un certain temps s'écoula, et alors quand le travail secret du mystère d'iniquité
eut préparé le terrain, le pape affirma pour la première fois sa suprématie, fondée
sur les clefs données à Pierre. Vers 378, il s'éleva à la position que lui donnait
aux yeux des païens le pouvoir de ces clefs. Ce fut en 431, et non point
auparavant, qu'il prétendit ouvertement à la possession des clefs de saint Pierre
Il y a là évidemment une coïncidence frappante. Le lecteur demandera-t-il
comment on pouvait croire à une prétention si peu fondée ? Les paroles de
l'Écriture sur ce même sujet, donnent une réponse claire et satisfaisante :
"Parce
qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés... C'est pourquoi Dieu
leur enverra un esprit d'erreur, en sorte qu'ils croiront au mensonge."
. Il y a peu de mensonges aussi grossiers ; mais avec le
temps, ce mensonge fut pourtant cru, et de même qu'on adore aujourd'hui la
statue de Jupiter avec la conviction que c'est la vraie statue de Pierre, ainsi on a
dévotement cru pendant des siècles que les clefs de Janus et de Cybèle
représentaient les clefs du même apôtre. L'infatuation seule a pu faire croire aux
chrétiens que ces clefs étaient l'emblème d'un pouvoir exclusivement donné par
Christ au pape par le moyen de Pierre ; mais il est facile de voir comment les
païens devaient se rallier autour du pape avec empressement quand ils
l'entendaient fonder son pouvoir sur la possession des clefs de Pierre. Les clefs
que portait le pape étaient les clefs d'un Pierre bien connu des païens initiés aux
mystères chaldéens. Que Pierre ait jamais été évêque de Rome, c'est là, on l'a
prouvé bien des fois, une fable grossière. Il est même fort douteux qu'il ait jamais
mis les pieds à Rome. Sa visite à cette ville n'est fondée sur aucune autorité
sérieuse. Seul, un écrivain de la fin du IIe siècle ou du commencement du IIIe,
l'auteur de l'ouvrage appelé les Clémentines
nous dit gravement qu'à
l'occasion de cette visite, ayant trouvé là Simon le magicien, l'apôtre le défia de
lui donner une preuve de son pouvoir miraculeux ou magique, sur quoi le sorcier
s'envola dans les airs, et Pierre le fit descendre avec une telle hâte qu'il se cassa
une jambe
Tous les historiens sérieux ont rejeté bien vite l'histoire de cette
rencontre de l'apôtre et du magicien comme manquant absolument de preuves
contemporaines ; mais comme la visite de Pierre à Rome est fondée sur la même
autorité, elle demeure ou tombe avec elle ; du moins, on ne doit l'admettre que
comme extrêmement douteuse. Mais si tel est le cas pour le Pierre du
christianisme, il est facile de prouver d'une manière indubitable qu'avant l'ère