Page 262 - LES DEUX BABYLONES

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besoin. Oui, on peut nettement établir comme nous l'avons déjà indiqué, que plus
tard le grand dieu et la grande déesse du paganisme, tandis que les faits de leur
histoire étaient mêlés à leur système d'idolâtrie, furent adorés comme des
incarnations de nos premiers parents dont la chute fatale les dépouilla de leur
gloire primitive, si bien que la main divine dut couvrir leur nudité avec un
vêtement spécialement fait pour eux. Je ne puis le démontrer ici d'une manière
approfondie ; mais qu'on étudie le passage où Hérodote nous parle de cette
cérémonie qu'on pratiquait chaque année en Égypte et dans laquelle on immolait
un bélier pour habiller de sa peau le père des dieux
Que l'on compare cette
déclaration avec ce passage de la Genèse où il est dit que le père de l'humanité
était vêtu d'une peau
, et après tout ce que nous avons vu de la
déification des morts, peut-on avoir des doutes sur la fête qui se célébrait ainsi
chaque année ? Nemrod lui-même, lorsqu'il fut mis en pièces, fut nécessairement
dépouillé. Son état était identifié avec celui de Noé et plus tard avec celui
d'Adam. Ses souffrances, disait-on, il les avait volontairement subies pour le bien
de l'humanité. Aussi sa nudité comme celle du
"père des dieux"
; dont il était une
incarnation, était censée être volontaire. Lorsque sa souffrance fut terminée et
que son humiliation eut pris fin, le vêtement qu'il portait fut regardé comme
méritoire, avantageux non seulement pour lui-même, mais aussi pour tous ceux
qui étaient initiés à ses mystères. Dans les rites sacrés du dieu Babylonien, cette
nudité et cet habillement qui, disait-on, avaient eu lieu l'un et l'autre, furent
renouvelés pour tous ses adorateurs conformément à une déclaration de Firmicus,
qui nous dit que les initiés passaient par les mêmes circonstances que leur dieu
Après avoir été dûment préparés par des rites et des cérémonies magiques,
on les introduisait, entièrement nus, dans les parties les plus reculées du temple.
C'est ce qui ressort de la citation suivante de Proclus :
"Dans la partie la plus
sacrée des mystères, on dit que les mystiques rencontrent d'abord les esprits aux
formes diverses (c'est-à-dire les démons malfaisants) qui se précipitent
violemment au-devant des dieux ; mais en entrant dans l'intérieur du temple, où
ils sont tranquilles et gardés par des rites mystiques, ils reçoivent dans toute sa
pureté l'illumination divine, et, dépouillés de leurs vêtements, ils participent à la
nature divine
"
Quand les initiés, ainsi illuminés et rendus participants de la
nature divine, étaient recouverts de nouveaux vêtements, ces derniers étaient
regardés comme sacrés, et possédaient, disait-on, des vertus extraordinaires. Le
vêtement de peau que le père de l'humanité avait reçu de Dieu, après avoir senti
si douloureusement sa nudité, était, de l'avis de tous les théologiens éminents,
l'emblème typique de la glorieuse justice de Christ,
"la robe de salut"
, qui est
"pour tous et sur tous ceux qui croient"
.