Page 261 - LES DEUX BABYLONES

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Tout cela est assez enfantin et montre la nature humaine sous un aspect bien
humiliant ; mais c'est exactement copié sur l'ancien culte païen. La même
manière d'habiller et d'orner les dieux se pratiquait on Égypte, et il n'y avait que
les personnes sacrées qui pouvaient remplir une si haute fonction. Ainsi dans les
inscriptions de Rosette voici comment il est parlé de ces fonctionnaires sacrés :
"Les principaux prêtres et les prophètes, et ceux qui peuvent entrer dans le
sanctuaire, pour revêtir les dieux, se sont réunis dans le temple de Memphis et
ont rendu le décret suivant
"
La coutume d'habiller les dieux occupait aussi une grande place dans les
cérémonies sacrées de l'ancienne Grèce. Voici comment Pausanias parle d'un
présent offert à Minerve :
"Quelque temps après, Laodicée, fille d'Agapenor,
envoya un voile à Tégée, pour Minerve Alea."
L'inscription qui accompagne cette
offrande nous montre en même temps l'origine de Laodicée :
Laodicée, de Chypre la divine,
Au pays de son père qui s'étend au loin,
Envoie ce voile en offrande à Minerve
De même aussi, lorsqu'Hécube reine de Troie, dans le passage déjà cité, reçut
l'ordre de conduire la procession de pénitents à travers les rues de la ville au
temple de Minerve, elle fut avertie de ne point aller les mains vides, mais de
prendre avec elle, comme la plus grande offrande qu'elle pût faire,
"le voile le
plus précieux, le plus grand que renferme son palais"
. La reine obéit
ponctuellement.
"Elle descend dans sa chambre parfumée, où sont tous ses voiles
artistement variés, oeuvre des femmes de Sidon, que Paris amena lui-même de la
Phénicie, lorsqu'il eut navigué, sur la vaste mer, dans ce voyage où il ravit
Hélène issue d'un père puissant. Hécube choisit un voile et l'emporte pour l'offrir
à Minerve. C'est le plus beau par ses couleurs variées, c'est aussi le plus grand ;
il brille comme un astre, et il est placé au-dessus de tous les autres
"
Il y a certainement une ressemblance étonnante entre la piété de la reine de Troie
et celle de la reine d'Espagne. Mais dans l'ancien paganisme cet usage de vêtir les
dieux cachait un mystère. Si les dieux et les déesses étaient si heureux d'être ainsi
revêtus, c'est parce qu'il y eut un temps dans leur histoire où ils en eurent grand