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Chapitre 5
Rites et cérémonies
Article 3
Habillement et couronnement des statues
Dans l'Église de Rome, l'habillement et le couronnement des statues forment une
partie importante du cérémonial. Les images sacrées ne sont pas représentées
comme des statues ordinaires avec des vêtements formés de la même matière
dont elles sont composées, mais elles ont des vêtements qu'on leur met comme
on ferait à de vraies personnes en chair et en os. On dépense souvent de grosses
sommes pour ces vêtements ; et ceux qui donnent de belles robes sont l'objet, dit-
on, de faveurs spéciales et se préparent une grande provision de mérites.
Ainsi, nous voyons que le duc et la duchesse de Montpensier étaient glorifiés,
dans le journal
"La Tablette"
(septembre 1852), non seulement pour avoir donné
3 000 réaux en aumônes aux pauvres, mais surtout à cause de leur piété : ils
avaient en effet donné à la Vierge un magnifique vêtement de brocart d'or, avec
une dentelle blanche et une couronne d'argent. Vers la même époque, la reine
d'Espagne manifesta sa piété par un bienfait semblable : elle déposa aux pieds de
la reine du ciel l'hommage de la robe et des joyaux qu'elle portait un jour
d'actions de grâces solennelles, et de plus la robe qu'elle avait lorsqu'elle reçut le
coup de poignard de l'assassin Merino. Le manteau, dit le journal espagnol,
portait les marques de la blessure, et sa bordure d'hermine était tachée du sang
précieux de Sa Majesté. Dans la corbeille qui contenait les vêtements étaient
aussi les joyaux qui ornaient la tête et la poitrine de Sa Majesté. Parmi eux était
un corsage en diamants, si merveilleusement travaillé, si éblouissant, qu'il
paraissait fait d'une seule pierre