Page 257 - LES DEUX BABYLONES

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Seigneur jugea bon de disposer du corps de Moïse en l'ensevelissant dans les
plaines de Moab, afin que personne ne sût jamais où était son sépulcre, avait
évidemment pour but de décourager les sentiments du genre de ceux qui donnent
naissance aux pèlerinages. En considérant le pays d'où venait Israël, les idées
égyptiennes dont il était infecté, comme on le voit par le veau d'or, et la grande
vénération que ce peuple avait pour Moïse, on comprend aisément la sagesse du
Dieu qui disposait ainsi de son corps. Il y avait, dans le pays où Israël séjourna si
longtemps, des pèlerinages pompeux qui s'accomplissaient à certaines époques
de l'année, et entraînaient souvent de lourdes dépenses. Hérodote nous dit que de
son temps la foule qui venait annuellement en pèlerinage à Bubastis, s'élevait à
700 000 personnes, et qu'alors on buvait plus de vin qu'à aucune autre époque de
l'année
Wilkinson parle d'un autre pèlerinage semblable qui se faisait à Philae :
"Outre la
célébration des grands mystères de Philae, il y avait à une certaine époque une
grande cérémonie : les prêtres, dans une procession solennelle, visitaient sa
tombe et la couronnaient de fleurs
Plutarque prétend même qu'à toute autre
époque l'entrée de l'île était interdite, et qu'aucun oiseau ne volait au-dessus,
aucun poisson ne s'approchait de la terre sacrée
"
Il ne paraît pas que ce fut
là une simple procession de prêtres dans le voisinage immédiat de la tombe, mais
un véritable pèlerinage national ; car, nous dit Diodore, tous les prêtres d'Égypte
révèrent le tombeau d'Osiris à Philae
Nous n'avons pas les mêmes renseignements précis sur le culte des reliques en
Assyrie ou à Babylone, mais nous en savons assez pour montrer que si le dieu
Babylonien était adoré en Égypte sous le nom d'Osiris, de même dans son propre
pays on avait pour ses reliques la même vénération superstitieuse.
Nous avons
qu'à la mort du Zoroastre des Babyloniens on disait qu'il
avait donné sa vie en sacrifice volontaire, et qu'il avait chargé ses concitoyens de
conserver ses restes, leur assurant que l'observation ou l'oubli de cet ordre d'un
mourant déciderait de la destinée de l'empire
Aussi lisons-nous dans Ovide