Page 240 - LES DEUX BABYLONES

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famille dans le même but, ce qui amène des dépenses énormes. Ces dépenses
commencent avec ce qu'on appelle
"l'esprit du mois"
, c'est-à-dire un service en
l'honneur du défunt un mois après sa mort. Quelque chose d'entièrement
semblable se faisait en Grèce, cela est bien évident ; Muller en effet, dit dans son
histoire des Doriens, que
"les Argiens sacrifiaient le 30e jour après la mort à
Mercure conducteur des morts
. Dans l'Inde, les services du Sràddhà, ou
services funèbres pour le repos des morts, sont nombreux et onéreux ; et pour en
assurer l'efficacité, on enseigne que
"des offrandes de bétail, de terres, d'or,
d'argent ou d'autres objets doivent être faites par la personne elle-même aux
approches de la mort, ou si elle ne le peut pas, par une autre qui agit en son nom
.
Partout où nous jetons les yeux le cas est à peu près le même. En Tartarie, les
Gurjumi ou prières pour les morts, dit le
"Journal Asiatique"
sont fort
dispendieuses
En Grèce, dit Suidas
le sacrifice le plus grand et le plus
coûteux était le sacrifice mystérieux appelé le
"Télété"
, sacrifice qui, d'après
Platon, était offert pour les vivants et les morts, et qui, pensait-on, les délivrait de
tous les maux auxquels sont exposés les méchants lorsqu'ils ont quitté cette terre
En Égypte, les exactions des prêtres pour les frais des funérailles et des
messes pour les morts étaient loin d'être une bagatelle.
"Les prêtres, dit
Wilkinson, entraînaient leurs fidèles à dépenser de grosses sommes pour la
célébration des rites funèbres, et beaucoup de personnes, qui avaient à peine
assez pour se procurer les choses indispensables à leur existence, s'efforçaient
d'économiser quelque chose pour payer les dépenses de leur ensevelissement. En
effet, outre les frais de l'embaumement, qui s'élèvent parfois à un talent d'argent,
c'est-à-dire environ 4 000 francs, le tombeau lui-même coûtait fort cher ; et on
faisait beaucoup de questions sur la position de fortune du défunt, avant de faire
des prières et autres services pour le repos de son âme
"
Les cérémonies,
nous dit-il ailleurs, consistaient en un sacrifice semblable à celui qu'on offrait
dans les temples ; on l'accomplissait, pour le bénéfice du défunt, en l'honneur
d'un ou de plusieurs dieux (Osiris, Anubis et autres dieux infernaux) ; on lui
offrait de l'encens et des libations ; on lisait quelquefois une prière, et les parents,
les amis étaient là comme pleureurs. Ils joignaient même leurs prières à celles du