Page 216 - LES DEUX BABYLONES

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propre volonté. Mais cependant le principe de ces exhibitions était le même que
chez les prêtres de Baal. On les célébrait comme des sacrifices propitiatoires.
Fuss nous apprend que les représentations des gladiateurs étaient consacrées à
Saturne
et, dans Ausone, nous lisons que l'amphithéâtre réclame ses
gladiateurs pour lui-même lorsque à la fin de décembre ils se rendent propices au
moyen de leur sang le fils du ciel portant sa faux
Voici comment Juste
Lipse explique ce passage qu'il rapporte :
"Vous remarquerez ici deux choses,
l'une que les gladiateurs luttaient aux Saturnales, l'autre qu'ils le faisaient pour
apaiser Saturne et se le rendre propice
"
La raison de cette coutume, ajoute-
t-il, c'est, je suppose, que Saturne n'est pas parmi les dieux célestes, mais parmi
les dieux infernaux
Plutarque, dans son livre sur les Sommaires, dit que les
Romains considéraient Saturne comme un dieu souterrain et infernal
C'est
bien vrai, il ne peut y avoir là-dessus aucun doute, puisque le nom de Pluton n'est
qu'un synonyme de Saturne, le caché. Mais à la lumière de la véritable histoire
du Saturne historique, nous avons une raison plus convaincante de cette coutume
barbare qui déshonore l'écusson de Rome dans toute sa gloire, lorsque, maîtresse
du monde, elle faisait égorger une multitude d'hommes pour faire une fête
romaine.
En se rappelant que Saturne lui-même fut mis en pièces il est aisé de voir
comment vint l'idée de lui offrir un sacrifice qui lui fût agréable en faisant
combattre des hommes le jour de sa naissance afin de s'attirer ses faveurs.
L'usage de ces pénitences chez des païens qui se coupaient ainsi et se balafraient,
avait pour but de plaire au dieu et de se le rendre propice, et partant, de se
préparer une provision de mérites qui pourraient faire pencher en leur faveur la
balance d'Anubis. Dans la papauté les pénitences sont non seulement censées
répondre au même but, mais elles sont identiques. Je ne sache pas en vérité que
l'on fasse usage du couteau comme chez les prêtres de Baal ; mais il est certain
que les prêtres regardent l'effusion de leur sang comme une pénitence très
méritoire, qui leur gagne les hautes faveurs de Dieu et efface bien des péchés.
Que le lecteur regarde les pèlerins de Lough Dergh, en Irlande, rampant les
genoux nus sur les pointes des rochers, laissant derrière eux des traces
sanglantes, et qu'il dise s'il y a une différence sérieuse entre cette coutume et
celles des taillades faites à coups de couteau. Quant à la flagellation cependant,
les sectateurs de la papauté ont littéralement emprunté le fouet d'Osiris. Tout le
monde a entendu parler des Flagellants, qui se flagellent en public lors des fêtes
de l'église romaine et qu'on regarde comme des saints de la plus belle eau. Dans