Page 215 - LES DEUX BABYLONES

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Nous l'apprenons par les lignes suivantes de Callimaque dans son hymne à
Délos :
Dès qu'ils ont atteint ton rivage
Ils laissent retomber les voiles
et tous les agrès des vaisseaux,
On amarre le navire ; l'équipage ne songe point
À s'éloigner de tes limites sacrées avant d'avoir enduré
Une terrible pénitence ; sous les coups de fouet qui les écorchent
Ils se flagellent trois fois en tournant autour de ton autel
Outre ces flagellations il y avait aussi des balafres et des coupures dans la chair,
considérées par les adorateurs, comme des rites obligatoires et propitiatoires.
Dans la célébration solennelle des mystères, dit Julius Firmicus, il fallait faire
tout ce que ce jeune homme avait fait ou avait souffert à sa mort
Osiris
avait été mis en pièces, en conséquence, pour imiter son sort, autant qu'un
homme vivant pouvait du moins le faire, ils devaient se couper et se faire des
blessures dans leur propre chair. Aussi quand les prêtres de Baal luttaient avec
Élie pour obtenir les faveurs de leur dieu et l'amener à faire le miracle qu'ils lui
demandaient, ils criaient à haute voix et se faisaient des incisions avec des
couteaux et des lancettes, selon leur coutume, jusqu'à ce que le sang ruisselât sur
leur corps
En Égypte les indigènes en général, quoique prodigues de l'usage
du fouet, étaient assez avares de l'emploi des couteaux et, cependant, il y avait
encore chez eux des hommes qui reproduisaient sur eux-mêmes le
démembrement d'Osiris. Les Cariens d'Égypte, dit Hérodote dans un ouvrage
déjà cité, se traitaient à cette solennité avec plus de sévérité encore, car ils se
balafraient le visage à coups d'épée
Il y a évidemment une allusion à cette
coutume dans la loi de Moïse :
"Vous ne vous ferez point d'incisions dans la
chair pour un mort
"
Ces incisions dans la chair sont largement en usage
dans le culte des divinités Hindoues, comme rites propitiatoires ou pénitences
méritoires. On sait qu'elles étaient pratiquées dans les rites de Bellone
soeur
ou femme de Mars, le dieu de la guerre, dont le nom
"celui qui se lamente sur
Bel"
montre clairement l'origine de son mari auquel les Romains aimaient tant à
faire remonter leur origine. On les pratiquait aussi de la manière la plus sauvage
dans les représentations des gladiateurs si appréciées des Romains malgré toute
cette civilisation dont ils étaient si fiers. Les malheureux qui étaient destinés à se
produire dans ces sanglantes exhibitions ne le faisaient pas d'ordinaire de leur