Page 214 - LES DEUX BABYLONES

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barbarie et du sang. Moloch signifie roi, et Nemrod fut le premier après le déluge
qui viola le système patriarcal, et s'établit comme roi sur ses compagnons. Il fut
tout d'abord adoré comme le révélateur de la beauté et de la vérité, mais peu à
peu son culte correspondit à son aspect menaçant et à son teint noir. Le nom de
Moloch ne présente à l'origine aucune idée de cruauté ou de terreur ; mais
maintenant les rites bien connus qui sont associés à ce nom en ont fait pendant
des siècles le synonyme de tout ce qu'il y a de plus révoltant pour le coeur de
l'homme et justifie la description de Milton :
"Moloch le premier, roi horrible,
souillé du sang des sacrifices humains, et des larmes des parents n'entendait
cependant pas, malgré le bruit des tambours et des timbales retentissantes, le cri
de leurs enfants, lorsqu'ils passaient à travers le feu devant son idole hideuse
"
Dans presque tous les pays, ce culte sanglant se répandit ; une cruauté horrible,
mêlée à une abjecte superstition, remplit non seulement les pays ténébreux de la
terre, mais même des nations qui se vantaient de leurs lumières. La Grèce, Rome,
l'Égypte, la Phénicie, l'Assyrie et même l'Angleterre (à l'époque des Druides
sauvages) adorèrent de la même manière la même divinité, à une période ou à
une autre de leur histoire. Ses offrandes préférées étaient les sacrifices humains,
la plus douce musique qui pût frapper ses oreilles, c'était les gémissements, les
lamentations humaines ; les tortures humaines, disait-on, réjouissaient son coeur.
Son image portait un fouet
comme symbole de majesté, et ses adorateurs
avaient un fouet pour se flageller sans pitié.
"Après les cérémonies du sacrifice,
dit Hérodote, parlant de la fête d'Isis à Busiris, toute l'assemblée se flagellait au
nombre de plusieurs milliers, mais je ne puis dire en l'honneur de qui ils le
faisaient
"
Hérodote parle ordinairement avec cette réserve, par respect pour
son serment, en homme initié ; mais des recherches subséquentes ne laissent
aucun doute sur le dieu en l'honneur duquel se faisaient ces flagellations. Dans la
Rome païenne, les adorateurs d'Isis observaient la même pratique en l'honneur
d'Osiris
En Grèce, les marins qui visitaient la chapelle d'Apollon, dieu de
Délos, identique à Osiris, se le rendaient propice par des pénitences semblables.