207
telle protection d'en haut
!"
Voilà pour la vie. À la mort aussi c'est par ses
propres mérites qu'on obtient le grand passeport pour entrer dans le monde
invisible, quoique le nom d'Osiris fût donné, comme nous le verrons, à ceux qui
mouraient dans la foi. Quand les corps des personnages de distinction étaient
embaumés (en Égypte), dit Wilkinson citant Porphyre, on leur enlevait les
intestins, on les mettait dans un vase, sur lequel (après les rites ordinaires pour
les morts) l'un des embaumeurs prononçait une invocation en faveur du défunt.
La formule, d'après Euphrate, qui la traduisit de l'original en grec, était ainsi
conçue :
"Ô toi soleil ! Notre Maître souverain ! Et vous toutes déesses, qui avez
donné la vie à l'homme, recevez-moi et réservez-moi une place parmi les dieux
éternels. Pendant tout le cours de ma vie, j'ai scrupuleusement adoré les dieux
que mes pères m'avaient appris à adorer ; j'ai toujours honoré mes parents
auxquels je dois mon corps. Je n'ai tué personne, je n'ai trompé personne, je n'ai
fait de tort à personne
"
Ainsi les mérites, l'obéissance ou l'innocence de
l'homme étaient le grand argument. La doctrine de Rome sur cette question
capitale de la justification du pécheur est absolument la même. Sans doute cela
prouverait peu la parenté des deux systèmes de Rome et de Babylone ; car depuis
Caïn jusqu'à nous, la doctrine du mérite de l'homme et de la justification
personnelle a partout été naturelle dans le coeur de l'humanité dépravée. Mais ce
qui est remarquable c'est que dans les deux systèmes, les symboles de cette idée
sont absolument les mêmes. Dans la légende papale on nous dit que la balance de
Dieu a été confiée à Saint Michel l'archange
et que dans les deux plateaux
opposés de cette balance les mérites et les démérites des morts sont pesés avec
équité, et selon que le plateau Penche d'un côté ou de l'autre, ceux-ci sont ou
justifiés ou condamnés.
Or, la doctrine chaldéenne de la justification par la foi, c'est là un fait confirmé
par les découvertes faites sur les monuments égyptiens, est symbolisée
exactement de la même manière, avec cette seule différence que dans le pays de
Ham les plateaux de la justice étaient confiés non à l'archange Michel, mais au
dieu Anubis et que les bonnes et les mauvaises actions semblent avoir été jugées
séparément ; ce dieu tenait un registre distinct, de telle sorte que lorsque les deux
étaient additionnées et que la balance touchait à terre, le jugement était aussitôt