Page 195 - LES DEUX BABYLONES

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saints patriarches et principalement au juste Noé une représentation typique,
vivante, du pouvoir du sang et de l'esprit de Christ, comme sauvant de son
courroux et en même temps purifiant de tout péché, représentation qui était le
sceau et la confirmation la plus réjouissante de la foi des véritables croyants.
Pierre semble y faire distinctement allusion lorsqu'il dit, parlant de cet
événement :
"C'est à cela que répond maintenant comme une figure le baptême
qui nous sauve."
. Les prêtres Chaldéens ont entièrement
corrompu et dénaturé toutes les vérités primitives. Ils fermèrent volontairement
les yeux sur ce fait, que c'est la justice par la foi que Noé avait avant le déluge
qui lui permit de traverser sain et sauf les eaux vengeresses de cette terrible
catastrophe, et l'introduisit du sein de l'arche, par une nouvelle naissance, dans un
monde nouveau, lorsqu'arrêté sur le mont Ararat, il sortit de sa longue réclusion.
Ils firent croire à leurs sectateurs qu'en passant seulement par les eaux du
baptême et les pénitences qui s'y rattachaient, cela suffisait pour faire d'eux,
comme du second père de l'humanité, de Diphueis, nés deux fois ou régénérés,
pour leur donner tous les privilèges du juste Noé et cette nouvelle naissance
(palingenesia)
dont leur conscience leur faisait sentir le pressant besoin. La
papauté agit d'après le même principe, et c'est de cette source qu'elle a tiré sa
doctrine de la régénération par le baptême, à propos de laquelle on a tant écrit et
engagé tant de controverses, que l'on discute tant que l'on voudra, c'est là et là
seulement qu'on trouve la véritable origine de ce dogme anti-scripturaire
Le lecteur a déjà vu combien Rome a fidèlement copié l'exorcisme usité dans le
baptême. Toutes les autres particularités qui se rattachent au baptême Romain,
comme l'emploi du sel, de la salive, du chrême ou l'onction avec l'huile, et la
marque sur le front par le signe de la croix, sont également des usages païens.
Quelques partisans de Rome sur le continent, ont convenu que certains de ces
usages n'ont pas été empruntés à l'Écriture. Jodocus Tiletanus de Louvain,
défendant la doctrine de la tradition non écrite, n'hésite pas à dire :
"Nous ne
sommes pas satisfaits de ce que l'Évangile ou les apôtres déclarent, mais nous
disons avant comme après, qu'il y a plusieurs vérités graves et importantes qui
sont acceptées et reçues par suite d'une doctrine qui n'est nulle part écrite. Car
nous bénissons l'eau avec laquelle nous baptisons et l'huile dont nous oignons ;
et même nous bénissons celui que nous baptisons. Et, je vous le demande, dans
quelle doctrine l'avons-nous appris ? Ne le tenons-nous pas d'une ordonnance
secrète et non écrite ? Et de plus, quelle écriture nous enseigne à oindre avec
l'huile ? Oui, je vous le demande, d'où vient l'usage de plonger trois fois les
enfants dans l'eau ? Cela ne vient-il pas de cette doctrine cachée et mystérieuse