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que nous mettons sous les yeux du lecteur, avait été inspirée par
l'histoire du grand patriarche, à l'intégrité duquel l'Écriture fait si
particulièrement allusion quand elle parle du double aspect de sa vie :
"Noé fut
un homme juste et intègre dans sa postérité"
, c'est-à-dire dans sa
vie avant et après le déluge.
Toute la mythologie de Grèce et de Rome, comme celle de l'Asie, est remplie de
l'histoire et des exploits de Noé auxquels il est impossible de se méprendre. Dans
l'Inde, le Dieu Vichnou, le conservateur, qu'on honore pour avoir
miraculeusement sauvé une famille juste au moment où le monde fut submergé,
offre l'histoire de Noé enveloppée dans cette légende ; il est même appelé par son
nom. Vichnou est exactement la forme sanscrite du Chaldéen Ishnuh, l'homme
Noé ou l'homme de repos
Quant à Indra, le roi des dieux et le dieu de la
pluie, ce qui n'est évidemment qu'une autre forme du même dieu, on trouve ce
nom sous la forme exacte d'Ishnu. Or, la légende même de Vichnou qui prétend
faire de lui non une simple créature, mais le dieu suprême et éternel, montre que
cette interprétation de son nom n'est pas une imagination sans fondement. Voici
comment il est célébré dans le Matsya Puran :
"Le soleil, le vent, l'air, tous les
éléments immatériels, étaient absorbés dans son essence divine et l'univers étant
consumé, le Dieu éternel et tout-puissant, ayant revêtu une ancienne forme, se
reposa mystérieusement sur la surface du vaste océan. Mais nul ne peut savoir si
cet être était alors visible ou invisible, quel était son saint nom, ou la cause de
son mystérieux sommeil. Nul ne peut dire non plus combien il se reposa ainsi
jusqu'à ce qu'il eût la pensée de créer ; car nul ne l'a vu, nul ne s'est approché de
lui, nul ne peut pénétrer le mystère de son essence réelle
"
Conformément à
cette ancienne légende, Vichnou est encore représenté comme dormant quatre
mois de l'année.
Maintenant rapprochez cette histoire du nom de Noé, l'homme du repos, et de
son histoire personnelle pendant le déluge, lorsque le monde fut détruit, lorsque
durant quarante jours et quarante nuits tout n'était que chaos, qu'on ne voyait ni
soleil, ni lune, ni étoile scintillante, que la mer et le ciel étaient confondus et que
tout n'était qu'un océan universel, sur la surface duquel flottait le patriarche ; qu'il
n'y avait nul être humain pour s'approcher de lui, sauf ceux qui étaient dans
l'arche avec lui, et nous pénétrons aussitôt le mystère de son essence réelle, nous
discernons le saint nom de cette personne et nous connaissons les causes de ce
mystérieux sommeil. Or, partout on célèbre le nom de Noé soit sous le nom de