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au sujet de l'abstinence du carême. Lisez seulement les atrocités commémorées
pendant le jeûne sacré, ou le carême païen tel qu'il est décrit par Arnobe ou
Clément d'Alexandrie
et certainement vous rougirez pour le christianisme
de ceux qui dans la pleine connaissance de ces abominations,
"sont allés
demander du secours à l'Égypte"
pour secouer la dévotion languissante de
l'Église dégénérée, et n'ont pas trouvé de meilleur moyen pour la réveiller, que
d'emprunter à une source si dépravée les absurdités et les abominations que les
premiers écrivains chrétiens avaient livrées au mépris. C'était un mauvais signe
que des chrétiens pussent jamais songer à introduire l'abstinence païenne du
carême, cela prouvait la profondeur de leur dégradation, et c'était aussi la cause
d'un grand mal ; cela menait inévitablement à une dégradation encore plus
profonde. À l'origine, même à Rome, on ne connaissait pas le carême avec les
orgies du carnaval qui le précédaient ; et même lorsqu'on crut qu'il était
nécessaire de jeûner avant la Pâque chrétienne, ce fut insensiblement qu'on se
conforma au rite païen. On ne voit pas trop combien de temps durait le jeûne
dans l'Église Romaine avant le concile de Nicée ; mais ce qu'on sait d'une
manière certaine, c'est que bien longtemps après ce concile, il ne durait pas plus
de trois semaines
Voici ce que dit Socrate écrivant sur ce sujet, vers 450 après J.-C. :
"Ceux qui
habitent la grande cité de Rome jeûnent avant Pâques pendant trois semaines
excepté le samedi et le jour du Seigneur
"
Mais à la fin lorsque le culte
d'Astarté gagna la prépondérance, on prit des mesures pour faire observer le
jeûne Chaldéen de six semaines ou 40 jours dans tout l'empire romain
d'Occident. La voie fut préparée par un concile tenu à Aurélia à l'époque de
Hormisdas évêque de Rome, vers l'année 519, qui décréta que le carême serait
solennellement observé avant Pâques
Ce fut certainement avec l'intention
de faire exécuter ce décret que le calendrier fut peu d'années après modifié par
Denys. Mais il ne pouvait pas être observé d'un seul coup. Vers la fin du VIe
siècle, la première tentative décisive fut faite pour faire respecter le nouveau
calendrier. Cet essai se fit en Bretagne
; mais il y rencontra une vigoureuse
résistance. La différence, quant à l'époque, de la Pâque chrétienne telle qu'elle
était observée en Bretagne par les chrétiens indigènes, et de la Pâque païenne