Page 136 - LES DEUX BABYLONES

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question avait une bien plus haute portée ; elle rappelait non seulement le
symbole de la naissance du soleil au renouvellement de sa carrière, mais le jour
de naissance du grand libérateur. Les Sabéens d'Arabie, qui regardaient la lune et
non le soleil comme le symbole visible de l'objet favori de leur culte, observaient
la même époque comme la fête de la naissance. Nous lisons dans la
"Philosophie
Sabéenne"
de Stanley :
"Le 24e jour du 10e mois, c'est-à-dire décembre, selon
notre manière de compter, les Arabes célébraient le jour de la naissance du
Seigneur, c'est-à-dire, la Lune
"
Le Seigneur Lune était le grand objet de
culte des Arabes, et ce Seigneur Lune était né, disaient-ils, le 24 décembre, ce
qui montre clairement que la naissance qu'ils célébraient n'avait aucun rapport
nécessaire avec le cours du soleil. Il importe de remarquer aussi que si le jour de
Noël chez les anciens Saxons d'Angleterre était observé pour la célébration de la
naissance d'un Seigneur de l'armée des cieux, le cas doit avoir été précisément le
même ici qu'en Arabie. Les Saxons, on le sait, regardaient le soleil comme une
divinité femelle, et la Lune comme une divinité mâle
C'est donc sans doute
le jour de naissance du Seigneur Lune, et non celui du soleil qu'ils célébraient le
25 décembre, comme les Arabes observaient le 24 décembre parce que c'était le
jour de naissance de ce même Seigneur Lune. En Orient, il paraît que le nom de
ce Dieu Lune était
"Meni"
; c'est là en effet croyons-nous l'interprétation la plus
naturelle de la déclaration divine faite dans Ésaïe :
"Mais vous avez abandonné
ma sainte montagne, vous qui préparez une table pour Gad, et vous remplissez
une coupe pour Meni
"
. On a des raisons de croire que Gad
se rapporte à la divinité du Soleil, et Meni à la divinité de la Lune
Meni, ou Manai, signifie celui qui compte, et ce sont les changements de la lune
qui aident à compter les mois :
"Il a fait la lune pour marquer les temps, et le
soleil sait quand il doit se coucher."
. Le nom d'homme de la
lune ou du dieu qui présidait à ce luminaire chez les Saxons était Mané, comme
on le voit dans l'Edda
et Mani, dans le Voluspa
Ce qui prouve bien
que c'était la naissance de ce Dieu Lune que célébraient à Noël les anciens
Saxons, c'est le nom donné encore dans les pays bas d'Écosse à la fête du dernier
jour de l'année, et qui parait être un reste de l'ancienne fête de la naissance ; en
effet, les gâteaux qu'on fait à cette occasion s'appellent gâteaux de Nûr, ou de