Page 135 - LES DEUX BABYLONES

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présumer que pour se concilier les païens, et augmenter le nombre de ceux qui
adhéraient de nom au christianisme, la même fête fut adoptée par l'Église
Romaine qui se contenta de lui donner le nom de Christ. Cette tendance de la
part des chrétiens à faire des concessions au paganisme se développa de bonne
heure ; et nous voyons Tertullien lui-même, vers l'an 230, déplorer amèrement la
faiblesse des chrétiens à cet égard, et l'opposer à la stricte fidélité des païens à
leur propre superstition :
"C'est nous, dit-il, nous qui sommes étrangers aux
sabbats
aux nouvelles lunes, et aux fêtes, nous qui étions autrefois agréables
à Dieu, c'est nous qui fréquentons maintenant les Saturnales, les fêtes du solstice
d'hiver, les Matronales ; on porte ça et là des présents, les cadeaux du nouvel an
se font avec fracas, les jeux, les banquets se célèbrent avec des cris ; oh ! comme
les païens sont plus fidèles à leur 140 religion ; comme ils prennent soin de
n'adopter aucune solennité chrétienne
!"
Des hommes vertueux s'efforcèrent d'arrêter le flot, mais en dépit de tous leurs
efforts, l'apostasie se développa, jusqu'à ce que l'Église, à l'exception d'un petit
reste, fut engloutie sous la superstition païenne. Il est hors de doute que Noël
était à l'origine une fête païenne. Ce qui le prouve, c'est l'époque de l'année où on
la célèbre et les cérémonies qui l'accompagnent. En Égypte, le fils d'Isis, titre
égyptien de la reine des cieux, naquit à cette même époque, au moment du
solstice d'hiver
Le nom même sous lequel Noël est populairement connu en
Angleterre, le jour d'Yule
prouve tout de suite son origine païenne. Yule est
le nom chaldéen pour
"enfant, ou petit enfant
; et comme le 25 décembre
était appelé par les anciens païens saxons le jour
"d'Yule"
ou
"le jour de l'Enfant"
et la nuit qui le précédait
"la nuit de la Mèr
, et cela longtemps avant qu'ils
ne fussent en contact avec le christianisme, cela prouve suffisamment son
véritable caractère. Ce jour de naissance était observé bien loin dans les contrées
païennes.
On a généralement cru que cette fête avait seulement un caractère astronomique,
et qu'elle rappelait simplement la fin de la course annuelle du soleil et le
commencement d'un nouveau cycle
Mais il est hors de doute que la fête en