Page 9 - La Postérité du Serpent
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CHAPITRE 1
LA PHILOSOPHIE DE L'ABSURDE
Nous assistons de nos jours à un déferlement d'idées plus insensées
l'une que l'autre comme il ne s'est jamais vu dans l'histoire de la race
humaine. L'absurde est à l'ordre du jour à tous les niveaux de la
société, particulièrement dans le domaine religieux. L'absurde est
décrit comme étant «ce qui est manifestement et immédiatement senti
comme contraire à la raison au sens commun; parfois quasi-
synonyme de impossible au sens de « qui ne peut ou ne devrait pas
exister.» Selon le dictionnaire Larousse: «L'absurde est ce qui est
contraire à la raison, au sens commun, qui est aberrant, insensé. La
personne absurde est celle qui parle ou agit d'une manière
déraisonnable. Les existentialistes voient l'absurde comme une
condition de l'homme qu'ils jugent dénuée de sens, de raison d'être». Il
nous est dit que «Les absurdités d'un temps deviennent l'objet sérieux
des études d'un autre temps; et comme on ne veut pas avoir l'air de
s'appliquer gravement à des absurdités, on suppose à celles-ci des
raisons secrètes et des lois profondes qui n'y furent jamais. On leur
prête un grand sens qu'elles n'ont pas eu. C'est là un art, peut-être
nécessaire, pour mettre quelque ordre dans le fouillis des opinions
humaines...» (Ch.-A. Sainte-Beuve, Pensées et maximes, 1868, p. 132.)
Bien qu'apparenté dans une certaine mesure à l'existentialisme, Albert
Camus s'en est assez nettement séparé pour attacher son nom à une
doctrine personnelle, la philosophie de l'absurde. Le sentiment de
l'absurde peut surgir de la «nausée» qu'inspire le caractère machinal
de l'existence sans but, peut naître du sentiment de l'étrangeté de la
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