Page 97 - Le Geocentrisme
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Les corps des voyageurs lunaires humains sont lourds et pas très
aérodynamiques. Les gros Allemands n’y arriveraient pas, écrit Kepler,
mais «. nous ne dédaignerions pas les corps durs et efflanqués des
Espagnols.»[42] La seule manière d’échapper à l’attraction terrestre
aurait été «.une poussée violente et rapide (...) à la vitesse de 12 000
milles à l’heure [19 200 k/h] (...) [par laquelle le voyageur] est tordu et
tourne sur lui-même comme lancé d’un canon.»[43] C’est un rude
voyage, mais le chef Démon prescrit «.des narcotiques et des opiacés»
[pour adoucir un peu les choses].[44] Oui, et je parierais que le même
démon conseillait la même prescription à notre copain Kepler pendant
qu’il rédigeait son cauchemar sur papier ! Décoller du sol à 12 000
milles à l’heure, rien de moins ! J’ai déjà des sensations désagréables
en montant dans un ascenseur. À en juger l’expérience, nous
pourrions calculer que les voyageurs vers la lune raccourciraient
immédiatement de soixante centimètres ! Six fois la vitesse d’une balle
de carabine départ arrêté ! Si Kepler ne touchait pas lui-même aux
narcotiques, c’est tout comme ! De toute manière, admettons que
l’expédition se déplace et arrive «.à la jonction de l’espace où
l’attraction de la gravité terrestre égalise exactement l’attraction
gravitationnelle de la lune, de telle sorte que les voyageurs étaient
comme s’ils ne dérivaient vers aucune direction.»[45] (Nous verrons
plus loin, dans un prochain chapitre, cette question de la «gravité-
zéro».) Maintenant, les voyageurs de Kepler sont dans de beaux draps.
Ils sont suspendus dans une zone neutre de gravité et le problème de
la propulsion se pose à nouveau. Mais ne vous en faites pas. Kepler le
résout comme un pro. Pendant cette pause, les voyageurs
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