Dans l'Église primitive, le baptême chrétien ressemble, pour sa formeextérieure, au
baptême de Jean, mais dans son sens profond et dansson essence il est tout autre
chose: il est le symbole durenouvellement spirituel qui se produit dans l'âme du
baptisé; ilmarque un attachement personnel à J.-C, il suppose la foi chrétienneet
l'acceptation de la grâce de Dieu, du pardon. Il devient l'acteofficiel de l'entrée dans
l'Église (Ac 2:41). Il est difficile,cependant, de se rendre compte de l'idée qu'apôtres et
fidèles sefaisaient de l'efficacité du baptême; Ac 2:38 ne prouve pas quele don du
Saint-Esprit était lié d'une façon absolue au baptême: carparfois ce don suit le
baptême (Ac 8:16 19:5), d'autres fois, ille précède (Ac 10:48). Donc: autre était le
baptême del'Esprit--baptême de feu--lié parfois à l'imposition desmains (Ac 8:17 19:6),
autre était le baptême d'eau, cérémonied'introduction dans l'Église chrétienne. Jésus
distingue l'un del'autre, tout en les rapprochant l'un de l'autre (Jn 3:5). Dumoins le
baptême coïncidait-il avec le pardon des péchés? Ac 2:3822:16 le font penser; mais la
question est de savoir si le baptêmeétait la condition du pardon des péchés ou un
symbole de ce pardon.Dans le premier cas, le baptême deviendrait un rite magique.
Or,Pierre s'exprime formellement contre cette idée: «le baptême quisauve n'est pas
celui qui ôte les souillures du corps, maisl'aspiration d'une bonne conscience vers
Dieu» (1Pi 3:21,Oltr.). Que le baptême fût dans l'Église primitive un symbole
d'unchangement d'état d'âme et de vie, cela ressort surtout des imagesemployées par
saint Paul dans ses épîtres.
5.
St Paul, qui a la mission non de baptiser, mais de
prêcherl'Évangile (1Co 1:17), a néanmoins baptisé Lydie et safamille (Ac 16:15), la
famille de Stéphanas (1Co 1:16), legeôlier de Philippes et tous les siens (Ac 16:33),
Gaïus etCrispus (1Co 1:14), en somme peu de personnes. Mais il se peutque cette
énumération ne soit pas complète. Cependant il considèrecomme ayant été baptisés en
Christ tous ceux qui sont devenuschrétiens par la foi en Jésus-Christ (Ga 3:27,Ro
6:3). S'agit-ildu baptême rituel qui marquait l'entrée dans l'Église, ou du baptêmede
l'Esprit comme le laisse supposer 1Co 12:13? Peu importe, sile baptême rituel n'est
qu'un symbole; il indique une transformationtotale du coeur et de la vie (1Co 6:11,Tit
3:5); c'est le seulbaptême valable (Eph 4:5). C'est la même idée que Paul exprimesous
d'autres formes: dépouillement du vieil homme pour revêtir lenouvel homme (Col
3:10), ou pour revêtir Christ. «Quiconque esten Christ est une nouvelle créature» (2Co
5:17). Il compare lebaptême à la circoncision (Col 2:11). Dans un passage
devenuclassique, il compare, enfin, le baptême à une mort, unensevelissement, et une
résurrection; le fait que, dans l'Églisechrétienne primitive, le baptême était pratiqué
par une totaleimmersion du corps dans l'eau facilitait cette comparaison (Ro6:3-11,Col
2:12). Le vieil homme a disparu sous l'eau, c'est unnouvel homme qui en sort; il est
mort au péché; il vit d'une vienouvelle en Jésus-Christ. Mais le baptême n'agit pas
d'une façonmagique, n'opère pas de lui-même cette révolution morale: car c'estpar la
foi que l'on devient fils de Dieu et par la foi que l'on estsauvé (Ga 2:16 3:26,Eph 2:8).
Le baptême suppose cette foi; lebaptême est l'affirmation et la traduction de ce qui se