d'Our,ont montré que si les Sumériens sont dolichocéphales par leur indicecrânien, ils
ont un occiput plat et une grande étroitesse des tempesqui leur donne un aspect
brachycéphale (10); cette particularité estindiquée par les monuments sumériens, de
même que les monumentsasianiques reproduisent habituellement un type
brachycéphale. Sidonc, par leur parler, les Sumériens peuvent être rangés parmi
lesAsianiques, ils constituent une variété à part en regard du grandbloc des Mitanno-
Hittites (ou mieux Hourri-Proto-Hittites) que nousavons décrit. En Palestine, la
situation ne paraît pas avoir été différente. Ona reconnu à Guézer, notamment, la
présence d'une population (la plusancienne dont on ait constaté l'existence en
Canaan), qui pratiquaitl'incinération de ses morts. Ce n'est que postérieurement que
l'onconstate, au même endroit, le rite de l'inhumation qui correspondsans doute à
l'installation des Sémites dans la contrée (11). Une telle situation n'a pas été sans
influence sur lesIsraélites. Lorsque le clan sémitique d'Abraham, vers 2000 avantnotre
ère, quittait la ville d'Our, il abandonnait une métropolefoncièrement sumérienne; et
dans son séjour à Harran, il seretrouvait en pays asianique (Harran sur le Balih,
affluent del'Euphrate, répond au centre du territoire occupé par les Hourri).Lorsque
les Israélites s'installèrent en Canaan, ils prenaientcontact avec toutes ces tribus
asianiques dont la Bible a gardé lesouvenir, de temps immémorial en I possession du
sol, et aussi avecles tribus sémitiques fixées avant eux dans la région. Pour peu
detemps, d'ailleurs, puisque les Sémites et Asianiques (Hittites etHourri) s'ébranlent
probablement sous la poussée lointaine de deuxcourants de peuples, l'un venu
d'Europe en Asie Mineure (lesIndo-Européens de Boghaz-Keuï?), l'autre venu du
Zagros (la descentedes Mèdes et des Perses en Iran?), et que cette invasion
conjuguéesous le nom d'invasion des Hyksos s'installe solidement en Egypte où,à côté
de faits de civilisation pratique dus aux Asianiques hourri(le plan carré des villes), on
constate l'intrusion de noms propressémitiques (scarabées au nom de Jacob-El, etc.).
Pendant ce temps, les Hittites qui devaient un jour supplanterles Mitanniens, soit par
les armes, soit par infiltration,descendaient en Syrie, se fixaient un peu partout, et,
quoique larédaction soit bien postérieure à l'événement, nous en trouvons unécho
dans l'épisode biblique (Ge 23-25:9
et suivant
), qui nousmontre Abraham achetant aux
Hittites «maîtres du pays», et payant à«Éphron le Hittite» la caverne de Macpélah près
d'Hébron où ilensevelira les siens. C'est pendant le séjour des Israélites demeurésen
Egypte après l'expulsion des Hyksos, et, de race conquérantedevenus pour les
Égyptiens celle des vaincus (ce que rappellel'allusion de l'Exode aux «Pharaons qui
n'avaient pas connu Joseph»),que nous voyons par les lettres d'El-Amarna (12) un roi
de souchehittite régner à Jérusalem; il s'appelle Abdou-Hépa (Hépa est unedivinité
hittite). Cette emprise de la civilisation mitanno-hittitese traduit dans le domaine de
l'art, jusqu'à l'est de la mer Morte,par une stèle mutilée trouvée à Schihan (13), qui
représente unguerrier vêtu du pagne d'étoffe plissée comme les Hittites, coiffécomme
eux du casque et dans l'attitude du combat, tel qu'on voit legrand dieu hittite figurer