dans les deux cas,qu'il s'agît du sémitique ou de l'indo-européen, le parler
desvainqueurs devait remplacer, tout naturellement, celui des vaincus,en raison de sa
supériorité comme moyen d'expression. Par contre, s'il n'y a aucun rapport entre la
langueindo-européenne des Hittites de Boghaz-Keuï et la langue asianiquedes
Mitanniens, qu'on appelle le nourri, il y a de grandesressemblances, notamment dans
les noms propres, entre le mitannien etle proto-hittite qui, lui, est asianique. On
acquiert ainsi la notiond'une population assez homogène, répandue à l'origine dans
l'Assyrie,la Haute-Syrie, et même l'Asie Mineure, population dont les dialectessont plus
voisins entre eux qu'ils ne le sont, pris en bloc, de lalangue sumérienne, mais qui
accuse cependant des affinités avecSumer, par la facilité avec laquelle les principes de
l'art sumérienont été adoptés par elle. Notre revue des peuples asianiques serait
incomplète si nous nementionnions ni les Élamites ni les Vanniques; bien que leur
actionne semble pas avoir eu de retentissement sur Israël, ce n'en sont pasmoins des
facteurs importants dans la civilisation de l'AsieOccidentale ancienne.
LES ÉLAMITES.
C'est en Élam (l'ancienne Perse), sur le site de Suse, que l'on arencontré les plus
anciens vestiges de civilisation de l'AsieOccidentale. Une nécropole située sur le sol
vierge contenait unecéramique dont le décor était une stylisation de motifs
naturistesavec tendance au géométrique. Au-dessus de cette nécropole, lesmonuments
découverts étaient contemporains des plus vieux monumentsde Sumer; or, la
céramique de cette seconde couche se rattachenettement à celle de la nécropole sous-
jacente. Et lorsqu'apparaîtl'écriture, la langue régionale qu'on appelle le proto-élamite
n'estni sémitique ni indoeuropéenne (9). Les Kassites. Asianiques aussi les Kassites
descendus du Zagros,comme autrefois les Gouti, qui succédèrent à la première
dynastie deBabylone, ébranlée par un raid hittite, et gouvernèrent le payspendant
plusieurs siècles (XVIII e -XII e siècles av. J.-C). Chez eux d'ailleurs, comme chez les
Mitanniens, comme chez lesHittites de Boghaz-Keuï, certaines divinités, certains
dynastesportent des noms indo-européens, mais ce n'est que le faitd'aristocraties
dirigeantes; le fond reste asianique, comme on levoit par la langue et l'ensemble du
panthéon. Il offre en effet, danstoute l'Asie Occidentale ancienne, une grande
homogénéité; nous yretrouvons partout le culte naturiste représenté par une divinité
defertilité et de fécondité ou par un couple divin ayant ces attributs.
LES VANNIQUES.
Au nord de l'Assyrie, dans la partie la plus haute de ce que l'onappelait le Soubarou,
ou pays nourri, nous retrouvons, au début dupremier millénaire avant notre ère, un
royaume asianique, le royaumed'Ourartou, dans la région du lac de Van dont les
habitants parlaientencore une langue asianique, malgré que leur civilisation
fûtimprégnée d'influences assyriennes. L'ethnographie, d'ailleurs, semble corroborer
ces résultats.Tandis que les Sémites appartiennent en général au typedolichocéphale,
les Asianiques, dont le type se retrouve aujourd'huidans les Arméniens, les Kurdes,
sont brachycéphales. Les récentesmensurations de crânes, vraisemblablement
sumériens, trouvés dans lesfouilles anglaises dirigées par M. Hall à Tell-el-Obéid près