Nousvoyons ainsi que ce royaume s'étendit, vers 1500 avant notre ère, desmonts
Zagros jusqu'à la côte syrienne; l'Assyrie et la Haute-Syriesont ses tributaires. Il est en
possession d'un art que représententles cylindres sceaux, et leurs empreintes relevées
sur les tablettesde Kerkouk (5), et certains monuments de la Syrie du nord;
sonarchitecture paraît préférer le plan carré au plan rond pour laconstruction des
villes; de sorte que l'art de la seconde moitié dudeuxième millénaire, apparenté à l'art
contemporain d'Asie Mineure ettout imprégné d'influences sumériennes, peut être
défini l'artmitannien; il explique l'art hittite de Syrie de la fin du II emillénaire et du
début du premier. Ce n'est point tout; laconstitution de ce royaume paraît coïncider
avec le grand mouvementde peuples qui porte les Hyksos en Egypte, Hyksos que l'on
croit êtredes peuples d'Asie Mineure renforcés de contingents syriens; or, laprésence
en Egypte. de cités sur plan carré attribuées aux Hyksos(Tell-el-Yahoudieh, par
exemple), et assez semblables à des citésmitanniennes comme Qatna, aujourd'hui
Mishrifé (6), a conduit à sedemander si les envahisseurs hyksos ne vinrent point du
Mitanni enmême temps que de l'Asie Mineure, et même surtout du Mitanni? Quoi qu'il
en soit, nous voyons qu'en regard des Sémites d'Agadéqui tentent de s'infiltrer vers le
nord, se dresse, après lesSumériens, dont la civilisation est attestée à Assur dès 3000
avantnotre ère, une population asianique; pleine de vitalité pendant unegrande partie
du II e millénaire, sa prépondérance fut détruite parles Assyriens, mais aussi par
d'autres Asianiques, les Hittites (fig.18-20).
LES HITTITES.
On a englobé sous ce nom
(7) une mosaïque de peuples de l'AsieMineure qui furent réunis en confédération sous
la direction de latribu dont la capitale était à Hattoushash, aujourd'hui Boghaz-
Keuï,dans la boucle de l'Halys; on peut aujourd'hui retracer assez bienles vicissitudes
de cet empire, dont nous ne retiendrons que lespoints principaux. Aux derniers siècles
de la seconde moitié du III e millénaireavant notre ère, nous constatons la présence en
Cappadoce, au pied dumont Argée, d'une colonie sémitique installée au milieu d'un
paysasianique (8); en effet, les documents cunéiformes qui y ont étéretrouvés (tablettes
dites «cappadociennes»), portent, à côté desnoms sémitiques des contractants, des
noms propres dans un dialectetout différent; ces autochtones ont été appelés les
Proto-Hittites;ils représentent la couche de population asianique antérieure àl'arrivée
des Sémites. A la suite des fouilles exécutées sur le site de Boghaz-Keuï, etdu
déchiffrement des documents qui y ont été découverts, on aconstaté qu'au milieu du II
e millénaire, cette région était devenuela tête de la confédération hittite englobant les
pays voisins del'Asie Mineure et de la Haute-Syrie. Dans les documents trouvés
àBoghaz-Keuï, documents écrits en cunéiformes, mais rédigés endialectes divers, on a
relevé la présence de plusieurs dialectesasianiques dont l'un, le proto-hittite, est le
même que celui desnoms propres des tablettes cappadociennes. Par contre, la langue
dela capitale et du pays environnant est indo-européenne, au moins dansses cadres;
ceci indique l'arrivée en Asie Mineure de conquérantsindo-européens ayant imposé
leur langue à la population, comme lesSémites l'avaient fait à l'égard des Sumériens;