griefs formulés contre les Apocryphes? Leplus important--et sans lequel sans doute on
n'eût jamais eu l'idéed'en chercher d'autres--c'est l'absence de ces livres de la
Biblehébraïque. Mais pourquoi les Juifs de langue grecque n'auraient-ilspas eu le
droit, aussi bien que leurs coreligionnaires de Palestine,d'avoir leurs écrits sacrés? Les
chrétiens ne se sont-ils pas cruautorisés à ajouter le N.T. à l'Ancien? Au surplus, ils
adoptèrent,dès l'origine, non pas la Bible hébraïque, mais la Bible grecque,avec son
ordre et son contenu particuliers. On aurait compris que laRéforme, voulant retourner
aux sources les plus anciennes, eûtabandonné la Bible des LXX pour lui substituer
celle des Hébreux.Mais ce n'est pas le parti qui fut adopté. On garda la Bible
grecque,avec sa disposition spéciale des matières, en y retranchant lesécrits qui ne
figuraient pas dans le canon hébr., ce qui donna à laBible protestante un certain air
de Bible expurgée. Pour renforcer leur position, les partisans de l'exclusion
desApocryphes avancèrent d'autres arguments. Ces livres, disaient-ils,n'ont pas été
reçus de tous, et ils citaient naturellement l'opinionde Jérôme. Mais ils oubliaient
volontiers deux faits essentiels:
1°
la thèse de l'auteur de la Vulgate n'avait étéadmise
que par une petite minorité, et elle a été condamnée parl'Église;
2°
beaucoup de livres
de l'A.T. et du N.T., endehors des Apocryphes, ont été plus ou moins contestés, par ex.
chezles Juifs, Ézéchiel, Esther, le Cantique des cantiques etl'Ecclésiaste; chez les
chrétiens, l'Apocalypse, l'épître auxHébreux, les Pastorales et jusqu'à l'év. de Jean. On
appauvriraitsérieusement la Bible, si l'on n'y voulait maintenir que les écritsreçus
partout et par tous. On a encore élevé des objections contre le contenu desApocryphes:
on a critiqué leur morale, leur piété, leurs dogmes etjusqu'à leurs miracles. Reproches
injustes ou tout au moins exagérés.Les Apocryphes sont des écrits parfaitement sains
et qui peuvent êtremis sans aucun inconvénient entre les mains de tous. Ils ont
desconseils d'une prudence parfois poussée jusqu'à l'égoïsme, mais cetrait se retrouve
ailleurs aussi dans l'A.T. La piété qu'ilsexpriment n'est peut-être pas toujours
héroïque, mais elle estsimple, sans trop de mièvrerie ni de formalisme. Leur
dogmatiquediffère fort peu de celle des livres du canon hébreu. Elle n'apporteguère
comme nouveautés que l'affirmation très nette de larésurrection (2Ma 7) et celle de
l'immortalité de l'âme(Sagesse de Sal. en particulier Sag 2:23 3:9 5:16), idées qui
étaientétrangères à l'antique religion d'Israël (la résurrection apparaîttimidement dans
le livre de Da 12:2, et dans un chap. tardifde Esa 26:19). On a beaucoup reproché aux
Apocryphes quelques passages quisemblaient confirmer des doctrines spécifiquement
catholiques:l'intercession des anges (Tob 12:12) et dessaints (2Ma 15:14,Bar 3:4), la
rédemption des âmes aprèsla mort et l'efficacité des prières pour les trépassés
(2Ma12:42-45), et enfin le mérite des oeuvres (Tob 4:712:8-14,Sir 3:30). Mais cette
dernière idée remplit l'A.T. etapparaît même dans le Nouveau (Jas 2:24). Quant à
l'intercessiondes anges, elle n'est pas dans le texte allégué: (Tob 12:12)n'affirme rien de
plus que Ap 8:4 (les anges portent à Dieu lesprières des hommes). En ce qui concerne
l'expiation pour les morts,mentionnée occasionnellement (2Ma 12:45), elle n'estcertes