Page 630 - Dictionnaire Westphal

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Jérôme. Luther admit bien dans sa Bibleallemande tous les Apocryphes, mais il les
rejeta à la fin de l'A.T.et les fit précéder de cette notice: «Livres qui ne doivent pas
êtreestimés à l'égal de la Sainte Écriture, mais qui pourtant sont utileset bons à lire.»
L'Église luthérienne s'en tint à cette façon devoir. Les calvinistes jugèrent les
Apocryphes avec plus de sévérité.Robert Olivétan, dans sa traduction française de la
Bible (1535), lesdonne en appendice, comme Luther, avec cet avertissement: «Les
livresqui précèdent (l'A.T.) se trouvent en langue hébraïque et sont reçusde tous. Les
suivants sont dits
apocyphes...
ils n'existent plusni en hébreu ni en caldéen et ne sont
reçus ni tenus pour légitimesni par les Hébreux, ni par l'Église, ainsi que réfère saint
Jérôme.Ils ont été corrompus et falsifiés en maints passages.» La révisionde 1588 est
plus nette encore: «Ces livres ne sont pas divinementinspirés, comme le reste des
Saintes Écritures, et ne doivent pasêtre produits publiquement en l'Église pour servir
de règle auxarticles de foi, ni même aux points de vérité de l'histoire sainte.» L'Église
catholique demeura fidèle à la pensée d'Augustin. Lecélèbre concile de Trente (1546)
proclama la canonicité des livresapocryphes contenus dans la Vulgate, à l'exception
toutefois des 3 eet 4 e livres d'Esdras et de la Prière de Manassé. Quelques
docteursessayèrent, plus tard, de faire une distinction entre les livres del'A.T. hébreu
et les Apocryphes, en donnant à ceux-ci l'appellation de
deutérocanoniques.
Mais cette
tentative eut peu de succès, et leconcile du Vatican (1870) confirma le décret du
concile de Trente. La polémique qui s'établit entre le catholicisme et la Réforme,au
sujet des Apocryphes, amena les protestants à les traiter avec unesévérité croissante.
En Hollande, il fut très sérieusement questionde les exclure de la Bible. Il
y
parut
même une édition qui neles contenait pas (Leyde 1665). Les partisans de la coutume
eurent dela peine à faire décider leur maintien par le Synode de Dordrecht.Les Bibles
protestantes continuèrent à les imprimer, mais en leurinfligeant des préfaces de plus
en plus dures. «Ces livres, disaitDavid Martin, en 1707, sont lus de fort peu de monde,
et si on enexcepte l'Ecclésiastique, la Sapience, le I er livre des Macchabéeset le ch. 7
du 2 e, tout le reste ne vaut presque pas la peine d'êtrelu.» Dans de telles conditions, il
était inévitable que le maintiendes Apocryphes dans les Bibles protestantes finît par
apparaîtrecomme un scandale. Ce sentiment se manifesta avec une forceparticulière
en Ecosse, au début du XIX e siècle, dans des milieuxfortement attachés au dogme de
l'inspiration littérale des Écritures.On y jugea intolérable que la parole humaine fût
associée, dans unmême volume, à la Parole de Dieu. Tel fut aussi l'avis de
quelquesSociétés bibliques locales, affiliées à la Société Biblique deLondres, et elles
réussirent à obtenir de cette dernière que lesApocryphes fussent exclus de toutes ses
éditions (1826). Les Sociétésbibliques du continent persistèrent, pour la plupart, à les
imprimer,mais il parut de plus en plus des éditions qui ne les donnaient pas,et le
nombre de leurs lecteurs alla sans cesse en diminuant. EnFrance tout au moins, ils
sont à peu près abandonnés, à l'heureactuelle, et on ne les trouve plus guère que dans
une publicationspéciale de la Société Biblique de Paris (1909). Que faut-il penser des