Page 629 - Dictionnaire Westphal

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APOCRYPHES
(les livres apocryphes de l'A.T.). On désigne de ce nom un certainnombre d'écrits qui ne
figurent pas dans la Bible hébraïque, mais quiont été introduits dans sa traduction
grecque, dite version des LXX,d'où ils ont passé dans la Bible latine et dans toutes les
Biblesanciennes et modernes jusqu'au début du XIX e siècle.
Apocryphe
est la
transcription d'un mot grec qui veut dire «caché». On cachaitdes livres sacro-saints,
qu'on tenait à dérober aux profanes. Oncachait aussi des ouvrages d'origine incertaine
et de valeur douteusequ'on tenait plus ou moins pour suspects. C'est en cette
acceptiondéfavorable que le terme
d'apocryphe
a été appliqué aux écrits del'A.T. dont
nous parlons. Il va sans dire que ceux qui les ontajoutés à la Bible ne leur accolaient
point cette épithète; ils n'enont pas fait non plus un groupe à part. Les tenant en la
même estimeque le reste des livres saints, ils les y ont mêlés étroitement etles ont
dispersés dans les diverses parties du recueil sacré. Parex., un des plus anciens
manuscrits des LXX, le
Vaticanus,
donnele 3 e
livre d'Esdras
entre les Chroniques et
Esdras, la
Sagesse de Salomon
et la
Sagesse de Sirach
entre Job etEsther,
Judith
et
Tobit
après Esther,
Baruch
aprèsJérémie, la
Lettre de Jérémie
après les Lamentations.
La liberté avec laquelle on traitait ainsi les Écritures nesurprendra pas, si l'on se
souvient qu'à l'époque où la Bible futtraduite en grec, ni le contenu ni l'ordre n'en
étaientdéfinitivement fixés. On la complétait encore en Palestine, au milieudu II e
siècle av. J.-C. Les Juifs d'Egypte, qui formaient unecolonie nombreuse et puissante,
ne se firent donc pas scrupuled'ajouter aux livres saints qui leur venaient de la
métropole,d'autres écrits qu'ils jugeaient précieux et capables d'édifier lesfidèles.
L'Église chrétienne primitive sanctionna en quelque sorteleur procédé, puisqu'elle
adopta la Bible grecque. Et elle ne fit quesuivre l'exemple des Juifs d'Alexandrie
lorsqu'à l'A.T. elle ajoutale Nouveau. D'assez bonne heure, des doutes furent exprimés
sur tel ou teldes livres saints qui n'appartenaient pas à la Bible hébraïque. C'estainsi
qu'un ami d'Origène, Julius Africanus, voulait exclure l'
Histoire de Suzanne,
incorporée dans la traduction grec deDaniel. Ces protestations isolées eurent peu
d'écho. Le premier docteur chrétien qui songea à contester l'ensemble desécrits
introduits par les LXX dans le recueil des Saintes Écritures,et qui les traita
d'apocryphes,
fut Jérôme, l'auteur de la
Vulgate
(IV e siècle). Chargé par le pape
Damase d'une révisionde la Bible latine, dont il circulait des copies diverses et plus
oumoins altérées, il recourut aux sources et fut amené à suspecter tousles livres de
l'A.T. qui ne se trouvent pas dans le canon hébreu; ildéclara dans son
Prologus
galeatus
(préface aux livres de Samuelet des Rois) que ces écrits devaient être rangés
parmi les apocrypheset n'appartenaient pas au canon. Néanmoins, il n'osa pas rompre
avecla coutume et les admit dans sa traduction. Les idées de Jérômefurent vivement
combattues dans l'Église, en particulier parAugustin, et la tradition ancienne fut
confirmée: tous les livresadmis par les LXX demeurèrent réputés canoniques. Au XVI e
siècle, beaucoup d'écrivains protestants se rallièrentplus ou moins aux vues de