salittérature et surtout dans les livres apocalyptiques. Des influencesétrangères se font
sentir sans conteste dans une série de sujetsqu'ils traitent avec prédilection, tels que
l'observation desphénomènes de la nature, principalement du monde astral, les
mythesrelatifs à la création et aux luttes de Dieu contre les monstres duchaos, la
dernière levée de boucliers des puissances sataniques avantl'établissement du règne
du Messie, la division de l'histoire del'humanité en quatre périodes, etc. S'appuyant
sur l'un ou l'autre deces points, on a défini l'Apocalyptique une philosophie
del'histoire. On pourrait l'appeler aussi une cosmogonie, unephilosophie de la nature.
Mais il serait sans doute plus juste dedire qu'elle est un conglomérat de choses
disparates, un réservoir oùvinrent se déverser et se fondre en un tout peu harmonieux
lescroyances, les sciences, les philosophies, les mythologies et lefolklore de toute
l'antiquité. Ce ne fut pas un phénomèneexclusivement juif: on retrouve des passages
et des fragmentsapocalyptiques dans toutes les littératures religieuses, surtout
dansles chapitres afférents à l'eschatologie: ainsi dans le parsisme,dans l'Inde, en
Egypte et dans l'hellénisme (stoïcisme, livressibyllins, Hésiode, Plutarque). Ce genre fut
aussi cultivé plus tarddans l'Église chrétienne et l'Islam. Le point essentiel de la
doctrine apocalyptique, c'est laproximité du grand jour où Dieu établira son royaume
sur la terre etjugera les hommes. La science apocalyptique s'efforce de calculer etde
fixer ce moment, d'en discerner les signes précurseurs, c-à-d. lesfléaux qui doivent
s'abattre dans les derniers jours sur la nature etla société humaine, tels que les
guerres, les discordes civiles, lestremblements de terre, les famines, les
bouleversements du mondesidéral. Ces phénomènes annonciateurs de la fin sont
dénommés «lesdouleurs de l'enfantement du Messie». La création sera frappée
partoutes ces calamités, parce qu'elle est foncièrement dégénérée. Laterre a perdu sa
fraîcheur première: il faut qu'elle disparaisse. Cepessimisme qui va à rencontre de la
foi des prophètes doit êtreramené à des causes diverses. D'abord, le dualisme de la
religion del'Iran ne fut sans doute pas étranger à cette évolution. D'autrepart, l'histoire
même du peuple juif l'a, favorisé. Comme Israëlétait tombé dans la servitude politique
et gémissait sous le jougétranger sans espoir de relèvement, les âmes pieuses en
conclurentque Dieu s'était retiré de la nation juive, qu'il l'avait abandonnéeà Satan et
aux démons, et qu'un changement ne pouvait plus seproduire que par une
intervention directe du Dieu suprême quiexterminerait les Juifs renégats et les païens,
adorateurs des fauxdieux. Un point caractérise nettement le changement survenu
dans laconscience religieuse du judaïsme, c'est la doctrine des deux éons:l'éon présent
qui est passager, périssable et rempli de maux, etl'éon futur qui est éternel et plein de
félicité. Des différences notables se perçoivent dans les peintureseschatologiques des
Apoc., surtout en ce qui concerne laparticipation du Messie au drame final. Parfois le
Messie en estabsent et Dieu seul est mis en scène. Quand le Messie paraît, onévoque à
son sujet les souvenirs du roi David, et on considère sonrègne sous la forme politique
et terrestre. Mais à côté de ce Messiejuif surgit un être nouveau que les