Page 614 - Dictionnaire Westphal

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morteldonné par avance à l'empire de Satan. Celui-ci tente de se venger surl'Église,
mais le Seigneur la lui dérobe. Sortant de la nouvelleEgypte, comme autrefois Israël
emmené au désert pour son salut,l'Église est en sécurité, malgré la persécution (le
torrent). Cf.Ps 18:5. La vision très grandiose, toute tissée de traitsbibliques, paraît
utiliser aussi des souvenirs astrologiques. Onpense ici au signe zodiacal de la Vierge,
«revêtue du soleil quand ilpasse par son signe, ayant la lune sous ses pieds quand
celle-cipasse au sud de l'écliptique et couronnée de douze étoiles qui sontla couronne
zodiacale» (Loisy). L'Église a par avance vaincu dans lessphères célestes (cf. Eph
6:12,Col 3:1) et c'est ce qui exciteles fureurs de Satan. La Bête (cf. les animaux de Da
7) est suscitée par Satan:elle est son champion. C'est Rome et ce sont aussi les
empereurs quil'incarnent. Elle monte de la mer, car Rome règne sur laMéditerranée,
mais aussi la mer est pour les anciens Orientaux lamatrice des puissances mauvaises.
«Il n'y aura plus de mer», ditl'Apocalypse Les noms de blasphème sont les titres divins
desempereurs. Le monstre représente Satan comme le Christ représenteDieu. Le
parallèle est intentionnel: c'est l'Antéchrist, qui parodiemême sa meurtrissure et sa
résurrection. On pense trouver ici uneallusion à la légende qui voulait que Néron ne
fût pas vraiment mort:peut-être aussi l'idée que Dioclétien est un nouveau Néron. Le
deuxième monstre, venu de la terre, est le clergé païenasiatique qui a mis en honneur
le culte impérial et le favorise parses supercheries. Le Dragon et les deux Bêtes
forment uneanti-trinité, et la politique antichrétienne est ici celle quiprélude à la
persécution proprement dite. (boycottage, Ap 13:16)On a d'ailleurs beaucoup
commenté la nature de l'insigne de la Bête:c'est en tout cas la réplique du sceau de
Christ. Le lecteur est alors en présence des forces démoniaques etcélestes affrontées:
des deux monstres en qui se concentrent lesefforts de la mobilisation diabolique, le
regard s'est reporté versle choeur des fidèles couronnés, vers le merveilleux
essormissionnaire qui portera l'Évangile au monde, et vers la proclamationdu destin
inéluctable qui attend la coalition infernale. En effet,l'heure est venue et les coupes du
jugement sont versées sur la terreen une succession rapide, écrasante. Les armées
sataniques nesauraient affronter la souveraineté de Dieu que pour un Waterloo»
(Harmaguédon ou Méguiddo est le jeu de la victoire de Barak surles ennemis d'Israël
au temps des Juges; c'est le nom symboliqued'une bataille finale). Cf. Westphal,
Les
Apôtres,
p. 445.
6.
Après un nouvel intermède, dans lequel passe une foisde plus à
l'horizon céleste le choeur triomphant des fidèles, voicile premier dénouement. L'heure
suprême du châtiment a sonné pour Romevaincue. Dans une scène d'une grande
magnificence, apparaît la Romeimpériale, figurée, comme l'avait été l'Église, sous les
traits d'unefemme, mais d'une riche et insolente prostituée assise sur la Bête.Les
symbolismes viennent ici s'ajouter, se doubler en quelque sorte,pour représenter Rome
(sept collines) et ses empereurs (les têtes).La Ville, la puissance impériale, les tyrans, le
paganisme, sesoudent, se confondent dans l'apparition. Plusieurs
commentateurspensent que le symbole très israélite de la prostituée, qui rappelleles