Page 564 - Dictionnaire Westphal

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ANGE DE L'ÉTERNEL
Le mot hébreu
maleak,
employé ici, signifie messager, délégué,représentant et, par
extension,
ange:
Traduire l'expression:
maleak de l'Éternel
ou
de Dieu,
par
ange
de
l'Éternel oude Dieu, a ceci de fâcheux que le lecteur s'imagine aussitôt que
lepersonnage mystérieux désigné par cette formule appartient à laclasse d'êtres
dénommés
anges
dans la religion biblique. Or, lestextes divers où ce personnage
apparaît sont loin de donner raison àcette interprétation. On y voit que Dieu et son
maleak,
sontfréquemment identifiés (Ge 21:17-19 22:11-18 31:11-13 45:15,Esa3:2-
6,Jug 2:1
et suivant
Jug 6:11-16,20-24 13:22,Za 12:8,etc.). L'ange de l'Eternel serait
dans ce cas la représentationanthropomorphique de JHVH, la manifestation visible du
Dieuinvisible, la révélation sensible, historique, du Dieu caché,l'apparition du «Dieu
pour nous», seule forme accessible du Dieuinconnaissable en lui-même. Si nous
rapprochons cette manifestation divine de celles qui sontappelées dans d'autres
passages le
nom de Dieu
(c-à-d. Dieumanifesté par sa puissance: Esa 59:19,Ps
102:16,Esa 18:7,Jer7:12,De 12:5-11, etc.), ou la
gloire de Dieu
(Ex 3:2 13:21
et suivants
,
De 4:12,15,24, etc., Ex 34:29-35,33:20-23,Est6:3, De 5:24,Eze 39:21, etc.), ou encore
la
face del'Éternel
(Ge 32:30,Ex 33:11-11 «ma face ira»; La 4:16,No6:25-27), nous
constatons que, tout en ayant avec ces troismanifestations divines des analogies telles
qu'on peut à l'occasionles identifier, la manifestation de Dieu par le
nialeak
a
quelquechose de plus personnel que les trois autres, et que l'action du
maleak,
providentielle et créatrice, est plus intimement liée àla notion de la
Sagesse de
l'Éternel,
coouvrière dans ses oeuvres(Pr 8:22-31, cf. Sir 1:3-5 24:3, Sag 7:24-27), et
àcelle de la
Parole de l'Éternel,
identifiée par Sag et Sir avecla sagesse créatrice, et qui
apparaît comme personnifiée dans Ps119:88 147:15 33:4,6,9,Esa 55:11. Il y a de tels
croisements entreles attributs de l'Ange, de la Sagesse et de la Parole de l'Éternel,que
les rabbins, après l'exil, n'hésitèrent pas à réunir ces troistermes dans une conception
unique: le
Memra,
le Verbe présent etagissant de l'Éternel. Les targums, la théologie
juive, désignent parMemra le médiateur entre Dieu et l'homme. On a pensé que Philon
avaittiré de cette notion du Memra sa théorie du Logos, et que Jean auraittraduit en
grec
(Logos)
ce terme désignant l'intermédiaire deDieu dans l'A.T., pour l'appliquer au
grand médiateur du N.T. Ainsi,d'après l'ensemble des textes hébraïques, l'Ange de
l'Éternel n'estautre que l'Être divin dans lequel Dieu se manifeste à l'humanité,révèle à
Israël sa volonté et soutient le peuple élu tout le long deson histoire. Dans le texte Mal
3:1: «Voici je vais envoyer mon messager(=Élie Mal 4:5 =Jean-Baptiste Mt 11:14) pour
qu'ildéblaye la route devant moi; puis soudain apparaîtra dans sonsanctuaire l'Ange
de l'Alliance que vous appelez de vos voeux: levoici, il vient!» le dernier des prophètes
hébreux identifie l'Angede l'Alliance (appelé par la tradition prophétique l'Ange
del'Éternel et, dans Esa 63:9, l'Ange de la face de l'Éternel,l'Ange sauveur) avec le
Messie, Emmanuel, le germe de David, objet del'attente passionnée d'Israël. Nul n'a
mieux rendu la ferveur decette attente que le deuxième Ésaïe, qui dans Esa 40:3-5,10