5:41,Ro 12:20). Non content de ne pas faire du mal,il saisit, il cherche les occasions de
faire du bien (Ga 6:10).Par lui s'éclaire et prend une signification nouvelle la notion
duprochain. «Qui est mon prochain?» sommes-nous tentés de demander avecle légiste
(Lu 10:25-37). Et, restant tranquillement là où noussommes, nous attendons qu'une
réponse nous soit donnée, prêts à fairetoutes sortes de distinctions pour esquiver
éventuellement notredevoir et éluder notre responsabilité. Le Maître, par sa parabole
dubon Samaritain, nous pose tout autrement la question: «Es-tu, toi, leprochain de
tous ceux que Dieu met sur ton chemin? As-tu toujours etpartout la volonté de
t'approcher d'eux avec amour, pour les servir,les aider et au besoin les secourir?»
(b)
Si
l'amour commence par la bienveillance, il nesaurait s'arrêter là; en vertu de son
exigence de perfection, il tendà devenir l'amour des âmes. Cette nouvelle forme de
l'amour apparaît,elle, spontanément, car elle prend naissance dans une intuition:
lavision de l'humanité en Dieu ou, plus exactement, la vision de Dieuen tout homme.
Le chrétien acquiert un sens nouveau, le sens de lavaleur unique de l'âme humaine
pour laquelle Dieu a donné son Fils etpour laquelle Jésus est mort sur la croix. Il voit
désormais leshommes non pas seulement tels qu'ils sont, avec leurs défauts,
leurstares, leurs péchés, mais tels que Dieu les aime; il découvre enchacun d'eux une
intention, une espérance de Dieu. Aussi se sent-ilpoussé irrésistiblement à les aimer à
son tour, à les aimer pourl'amour de Dieu, à aimer Dieu présent en eux. C'est cet
amour que l'apôtre Paul a chanté dans son hymne à lacharité: «Quand je parlerais les
langues des hommes et des anges, sije n'ai pas la charité, je ne suis qu'un airain qui
résonne ou unecymbale qui retentit...La charité excuse tout, elle croit tout, elleespère
tout, elle supporte tout...La charité ne péritjamais...» (1Co 13) C'est ce même amour
qui est le secret de l'esprit de service etde sacrifice: «J'ai eu faim et vous m'avez donné
à manger...Toutesles fois que vous avez fait cela à un seul de ces plus petits de
mesfrères, c'est à moi que vous l'avez fait» (Mt 25:31-46, cf.Mr 9:37). «Voici comment
nous avons connu l'amour: Il a donné savie pour nous; nous aussi nous devons
donner notre vie pour lesfrères» (1Jn 3:16). C'est encore cet amour qui est le secret de
l'esprit d'apostolat.Comment, en effet, celui qui le possède pourrait-il accepter que
tantd'hommes continuent à se perdre loin de Dieu, alors que le salut estpour eux
comme pour lui? Il faut qu'il leur apporte le messagelibérateur, la bonne nouvelle du
pardon et de la délivrance. C'est làune nécessité intérieure à laquelle il ne peut, sous
peined'infidélité, se dérober: «Malheur à moi si je n'annonce pasl'Évangile» (1Co 9:16).
L'amour des âmes devient chez certainschrétiens une vraie passion qui brûle en eux
comme un feu dévorant.N'est-ce pas cette passion qui a arraché à l'apôtre Paul ce cri
dedouleur: «Je voudrais être anathème, séparé du Christ pour mesfrères, pour ceux de
ma race et de mon sang»? (Ro 9:3)
(c)
Il est une autre forme de l'amour que nous
devonsdistinguer des deux premières car, si elle a une même origine, ellepossède par
ailleurs certains caractères propres qui nous obligent àlui donner une place à part.
Nous voulons parler de l'amourfraternel. Le texte grec, marquant nettement la