Page 514 - Dictionnaire Westphal

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«Ce qui est né de la chair est chair; ce qui est né del'Esprit est esprit...Il faut que vous
naissiez de nouveau» (Jn3:6,7). Seuls sont capables de posséder véritablement l'amour
ceuxqui sont «nés de nouveau». L'amour chrétien ne saurait donc, malgrécertaines
ressemblances extérieures, être assimilé à un simplesentiment d'humanité ou de
philanthropie, car ce qui constitue sonoriginalité propre, ce qui lui donne son
caractère irréductible,c'est son inspiration religieuse. Avant de se tourner vers
leshommes, il s'oriente vers Dieu en qui il trouve sa cause et sa fin:«...les sentiments
d'amour que l'Esprit vous inspire» (Col 1:8);«Vous avez appris de Dieu à vous aimer les
uns les autres» (1Th4:9); «Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère» (1Jn 4:21,cf.
1Jn 4:7-11-12). L'amour pour le Père est si étroitement liéà l'amour pour les frères que
l'absence du second est la preuve de lafausseté du premier (1Jn 4:20). Et les deux
ensemble n'existentque par l'amour de Dieu pour nous: «Nous devons aimer parce
qu'ilnous a aimés le premier» (1Jn 4:19). En dernière analyse, iln'existe qu'un seul et
même amour: celui qui vient du ciel et qui yretourne, en laissant ici-bas les traces
lumineuses de son passage.La langue du N.T. rend sensible cette identité en
employant un seulmot:
agapè,
pour désigner l'amour de Dieu pour nous, notre
amourpour Dieu et notre amour pour les hommes. Pour nommer ce dernier, lemot
charité
est devenu si courant qu'il est pratiquementimpossible de s'en passer; mais
nous devons nous souvenir que, danstous les passages où nous le rencontrons, dans
le ch. 13 de I Cor. enparticulier, il correspond au même mot
agapè
que l'on
traduittoujours ailleurs par amour. L'amour pour les hommes se manifeste sous des
formes différentesqu'il faut essayer de préciser:
(a)
Nous trouvons tout d'abord l'amour
chrétien dansson sens le plus large, objet d'un commandement universel: «Tuaimeras
ton prochain comme toi-même» (Mt 22:39). Cet amour estprésenté comme le résumé et
l'accomplissement de la Loi (Ro13:9,Ga 5:14); il est aussi appelé la Loi royale (Jas 2:8).
Or,en tant qu'il est commandé, il ne saurait être affaire de sentiment.Le sentiment, en
effet, ne se commande pas; il représente en nous,dans son jaillissement, la
spontanéité pure. On arrive à lediscipliner, à le refouler et même à l'inhiber; mais son
apparitionéchappe à toute action réfléchie et à tout effort conscient. De plus,on ne
peut exiger de lui qu'il devienne universaliste, car il est paressence limitatif, sinon
exclusif. Seule la volonté est capabled'obéir à la loi, seule elle est susceptible de
recevoir un ordre.C'est donc en fonction d'elle que nous devons définir l'amour,
objetd'un commandement. Comment en douter quand nous constatons le
rôleprépondérant que la volonté joue dans la haine? Haïr quelqu'un, c'estlui vouloir du
mal. L'aimer, ce sera donc lui vouloir du bien. Il n'ya pas d'autre définition à chercher:
l'amour est la bienveillance, lavolonté de faire du bien au prochain. Personne ici ne
peut serécuser, c'est-à-dire à la fois se réclamer du Christ et se dérober àsa Loi, car
l'amour que le Maître commande est à la portée de tousceux qui veulent le posséder.
Cet amour exclut l'esprit devengeance (Ro 12:19); il réclame le pardon des offenses
(Mt6:12,14,15 18:21-35,Eph 4:32,Col 3:13); il se donne à tous, même auxennemis (Mt