Page 513 - Dictionnaire Westphal

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Révélation. Au début, nous l'avons vu, le sentiment qui domine est lacrainte. Cette
crainte, nous la retrouvons dans les premiersbalbutiements de l'amour, car Dieu se
montre toujours redoutable,plus encore par sa sainteté que par sa puissance, et ce
n'est qu'entremblant que le fidèle s'approche de Lui. Si Jéhovah manifeste sabonté, Il
le fait comme un maître qui veut bien accorder une faveur àson serviteur. L'amour
demandé à l'homme en retour est un devoir, unesorte de serment d'allégeance au
Seigneur. Des bénédictions sontaccordées à ceux qui observent ce commandement; le
châtiment menaceceux qui s'en détournent (De 11:1,13-17 13:1-4 30:15-20). Dansle
livre des Psaumes nous trouvons pourtant une piété faite deconfiance en Dieu et
d'intimité avec Lui, qui est un pressentimentémouvant de l'amour chrétien. Avec la
révélation du Dieu-Père apparaît l'amour filial. Par lafoi en Jésus-Christ, par la
nouvelle naissance, l'homme devient unenfant de Dieu (Jn 1:12,13,Ga 3:26,1Jn 3:1,2).
Il se
sait
enfant de Dieu, non par un effort de sa pensée propre, mais par letémoignage
de l'Esprit: «L'Esprit atteste lui-même à notre esprit quenous sommes enfants de Dieu»
(Ro 8:16). Ayant reçu cet «Espritd'adoption», il peut avec une joyeuse assurance
appeler Dieu: Abba!Père! (Ro 8:15), cf (Ga 4:6).. N'étant plus «esclave» mais«fils», il jouit
de toutes les prérogatives nouvelles qui lui sontconférées; il possède «la liberté
glorieuse des enfants deDieu» (Ro 8:21); il est héritier, «héritier de Dieu, cohéritierde
Christ» (Ro 8:17, cf. Ga 4:7). Toutes ces bienheureusescertitudes le libèrent
définitivement de la crainte: «La crainten'est pas dans l'amour; au contraire l'amour
parfait bannit lacrainte, parce que la crainte suppose une punition et celui quicraint
n'est pas parfait dans l'amour» (1Jn 4:18, cf. Ro8:15). C'est par son respect filial, son
adoration, sagratitude, sa confiance et sa joyeuse obéissance qu'il essayed'exprimer
son amour envers Dieu. Cet amour, il doit le donner toutentier: «Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de
tout
ton coeur, de
toute
ton âme, de
toute
ta pensée, de
toute
taforce» (Mr 12:30), car la plus grande infidélité est celle ducoeur partagé et du double
service (Mt 4:10 6:24,Jas 4:4,1Jn2:15,16). L'amour pour Dieu, tel que nous le révèle et
nous le donnel'Évangile, est inséparable de l'amour pour le Christ. Sithéoriquement
une distinction est possible, pratiquement ellen'existe pas: c'est le même mouvement
du coeur qui porte le chrétienà vivre dans la communion de son Père et à s'unir
étroitement à sonSauveur bien-aimé.
III L'AMOUR POUR LES HOMMES.
Il est, lui
aussi, un don de la grâce, un fruit surnaturel del'Esprit, car le coeur humain est
naturellement égoïste. Il fautentendre par égoïsme, non le simple amour de soi, forme
normale del'instinct de conservation, dont l'Évangile reconnaît la légitimité:«Tu
aimeras ton prochain
comme toi-même
» (Mr 12:31), maisl'hypertrophie du moi qui
prétend tout ramener à lui et fairetoujours passer son intérêt avant celui des autres.
Or, quoi qu'endisent certains moralistes, il est impossible de transformerl'égoïsme en
altruisme, car il y a entre les deux une oppositionabsolue. Ce n'est pas par une
évolution insensible et continue quel'on peut passer de l'un à l'autre, mais par une
révolution totalequi substitue à une réalité donnée une réalité radicalementdifférente.