chrétien (Mt23:8,9). «Il n'y a plus ici ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, nihomme ni
femme; vous êtes tous un en Jésus-Christ.» (Ga 3:28).Universel, l'amour du Père est
en même temps individuel. Dieu connaîtchacun de ses enfants (Mt 6:4,6 10:29-31). Il
n'en oublieaucun (Mt 18:10); dans sa grâce prévenante, Il sait d'avance dequoi ils ont
besoin (Mt 6:8-32); Il veut leur vrai bien et leurvéritable bonheur (Mt 5:3-10); tout don
excellent et toutprésent parfait viennent de Lui (Jas 1:17). Cette volonté d'amour est
une volonté de salut. Les hommes,esclaves du péché, révoltés contre Dieu, sont
perdus. Mais Dieu lesaime et parce qu'il les aime, Il veut les arracher à la perdition età
la mort (Mt 18:14). Il est le berger qui va chercher sa brebisperdue; Il est le père qui
reçoit dans ses bras l'enfant prodiguerepentant (Lu 15). «Il y a de la joie au ciel pour
un seulpécheur qui se repent» (Lu 15:7). Jésus nous fait pénétrer dansle coeur même
de Dieu et nous y montre cette réalité humaine entretoutes: la joie. Dieu reste Dieu
dans sa souveraineté absolue; maisIl devient en même temps un Dieu humain, car,
dans son amour, Ilconnaît comme nous la joie, la tristesse et même l'inquiétude
del'espérance: «Je leur enverrai mon fils bien-aimé; peut-être lerespecteront-ils?» (Lu
20:13). L'amour se consomme dans le sacrifice. Pour nous sauver, Dieului-même se
donne à nous dans la personne de son Fils: «Dieu a tantaimé le monde qu'il a donné
son Fils unique, afin que quiconque croiten lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie
éternelle» (Jn3:16). En Jésus-Christ, c'est l'amour du Père qui s'incarne, quidevient
une réalité visible, qui s'impose à nos sens pour gagnernotre foi: «Ce qui existait dès le
commencement, ce que nous avons vude nos yeux, ce que nous avons contemplé et
que nos mains onttouché...» (1Jn 1:1). Jésus aime comme Dieu seul peut aimer.
Ilconsole, il pardonne, il guérit; il se penche sur toutes lesdétresses et toutes les
misères; il arrache les hommes à la puissancedu péché qui les asservit (Lu 19:10). Il se
donne toutentier (Mr 10:45), librement (Jn 10:17-13), jusqu'à laperfection (Jn 13:1),
jusqu'à la mort (Eph 5:2,Php 2:8). Lacroix est l'accomplissement de l'amour
rédempteur.
II. L'AMOUR POUR DIEU.
Il est la conséquence normale de l'amour de
Dieu pour nous. Il nesuppose donc pas seulement la réciprocité, comme dans les
relationshumaines, mais il implique un rapport de cause à effet: c'est Dieuqui a
l'initiative, c'est lui qui nous aime et qui fait naître ennous l'amour. Notre amour pour
le Père est lui-même un don de l'amourdu Père. Il est, en nous, un fruit surnaturel de
l'Esprit (Ga5:22). Le désir, c'est Dieu qui le fait surgir dans nos coeurs;l'appel, c'est Lui
qui le fait entendre; la réponse, c'est Lui qui lasollicite. Sans doute notre liberté entre
en jeu, car, sans elle,l'amour n'aurait aucune valeur morale (Dieu veut être
aimélibrement); mais elle apparaît surtout comme une possibilité derefus; par elle-
même, elle ne crée rien dans l'ordre de la grâce. Ilsuffit que l'homme ne résiste pas,
qu'il n'endurcisse pas son coeur,pour que spontanément l'amour réponde à l'amour.
Encore faut-il que l'homme prenne conscience de l'amour divincar, aussi longtemps
qu'il ne le soupçonne pas, rien en lui nesaurait y répondre. Il est ainsi aisé de
comprendre que les progrèsde l'amour pour Dieu coïncident avec les étapes de la