son peuple dansdes termes empruntés à la vie conjugale. Dans son amour
humaintrompé, dans la souffrance qu'il éprouve à cause de l'infidélité desa femme, le
prophète a la révélation de l'amour de Jéhovah pour sonpeuple,. de sa douleur et de
son légitime courroux quand Israël,semblable à Gomer l'adultère, abandonne son
époux pour se prostituer.Et, de même qu'il pardonne à l'infidèle, de même Dieu
renonce aujuste châtiment, car Il aime son peuple. Il ne peut cesser de l'aimermalgré
ses reniements et ses trahisons (voir en particulier Os 1et Os 2). D'autres prophètes
reprendront cette image de l'amourconjugal et du pardon accordé par Jéhovah à
l'épouseinfidèle (Esa 54:5-6,Jer 3:6-13,Eze 16:1-63 etc.). Ils mettronten relief le
caractère immuable de l'amour de Dieu qui, participantde sa sainteté, est, comme elle,
éternel: «Je t'aime d'un amouréternel; c'est pourquoi je te conserve ma bonté» (Jer
31:3, cf.Esa 54:8-10). Le lien qui unit Jéhovah à son peuple est aussi comparé à
celuiqui existe entre un père et son fils (Ex 4:22,Jer 3:1931:9,20,Mal 1:6 etc.).
Quelques remarques sont nécessaires ici:
1°
Dans un bon-nombre de passages le mot
pèresignifie simplement créateur ou procréateur (voir par ex. De32:6,Esa 64:8,Mal
2:10). C'est fort rarement qu'il a, comme dansEsa 63:16, un sens spirituel pour
exprimer l'amour de Dieu. Noussommes donc encore très loin de la révélation de la
paternité divinetelle que l'apportera au monde l'Evangile.
2°
C'est le peuple d'Israël, en
tant quecollectivité, qui reçoit le titre de fils (Os 11:1,Ps 80:16);c'est lui qui est l'objet
de l'amour de Jéhovah (De 7:6-8,1Ro10:9,2Ch 2:11 9:8, Esa 41:8 43:4,Mal 1:2). Nous
trouvons sansdoute quelques textes où il est dit que Dieu aime des hommes
prisindividuellement, mais il s'agit alors d'un amour conditionnel:«J'aime ceux qui
m'aiment» (Pr 8:17). «L'Éternel aime ceux quile craignent» (Ps 147:11). «L'Éternel aime
les justes» (Ps146:8, cf. Ps 103:11,13,Pr 15:8).
3°
Longtemps Israël a été considéré
comme le seulpeuple aimé de Dieu. Cette idée a favorisé singulièrement
leparticularisme juif. Nous trouvons pourtant chez les prophètes uneréaction
vigoureuse contre cet esprit nationaliste: ils affirment quesi Jéhovah a établi une
alliance particulière avec Israël, il n'a pasexclu les autres peuples de ses bénédictions
(Jer 4:2,Esa2:2-4,7, cf. Mic 4:1-3,Esa 19:25 25:6 52:15). Une placespéciale doit être
faite au livre de Jonas qui nous montre en Dieul'universalité de sa compassion et de
sa miséricorde. L'amour n'aplus de frontières: au delà d'Israël, il s'étend sur toutes
lescréatures. Avec le N.T. s'opère, d'un seul coup, une révolution complète.L'amour de
Dieu n'est plus, comme dans l'A.T., le point culminant dela Révélation vers lequel tend
la foi; il est le fondement sur lequeltout repose, le terrain dans lequel la certitude
enfonce profondémentses racines: «Étant enracinés et fondés dans l'amour...»
(Eph3:18). Il est à la fois la réalité première et la connaissancepremière; il est l'essence
même de l'Évangile (1Jn 4:7,8,16). Dieu est notre Père, le Père céleste, le Père parfait.
(Mt 5:48 6:9 7:11,Jn 4:23 16:27,Ro 1:7,1Co 1:3,Jas 1:17,1Jn 3:1) Ilaime tous les
hommes d'un même amour; sa providence s'exerce enverstous indistinctement (Mt
5:45,1Co 8:6). Cette affirmation de lapaternité divine est le secret de l'uni-versalisme