Page 510 - Dictionnaire Westphal

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AMOUR
I L'AMOUR DE DIEU.
Si nous avions besoin d'une preuve incontestable de la réalité
dela Révélation, nous n'aurions aucune peine à la découvrir, car ellese trouve
éminemment dans cette affirmation: «Dieu estAmour» (1Jn 4:8). En effet, comment
l'homme, avec les seuleslumières de sa raison, aurait-il été capable d'acquérir
cetteconnaissance? Il a pu, par lui-même, avoir l'idée de latoute-puissance de Dieu.
Tout l'y portait: le spectacle de la natureet le sentiment de sa faiblesse propre. Il a dû,
de très bonne heure,donner une signification religieuse aux forces naturelles et voir
enelles autant de manifestations d'une Puissance mystérieuse, devantlaquelle il fallait
s'incliner dans un sentiment de crainte sacrée.Nous trouvons dans l'A.T. de
nombreuses traces de cette crainte; p.ex. Jacob à Béthel: «Lorsqu'il se réveilla, il dit:
Certainementl'Éternel est en ce lieu, et moi je ne le savais pas! Il eut peur etdit: Que ce
lieu est redoutable...» (Ge 28:16,17). La saintetéde Dieu, elle, porte sans doute la
marque de la Révélation, surtoutlorsqu'elle apparaît dans sa pleine évidence, grâce à la
prédicationdes prophètes. Mais il faut reconnaître que, si l'homme étaitincapable par
lui-même de la concevoir, il pouvait, une fois qu'ellelui était révélée, l'accepter comme
une réalité normale, comme unattribut nécessaire de la nature divine, car elle
répondaitentièrement aux exigences absolues de la conscience, et elle avaitpour elle le
témoignage intérieur de la loi morale. Il en va tout autrement de l'amour. Rien,
a priori,
ne permetd'affirmer qu'il fait partie de l'essence de Dieu. Ce qui le montrebien, c'est
que les philosophes s'efforçant de construirerationnellement une définition de Dieu ne
mettent point l'amour aunombre de ses attributs. Et rien dans notre expérience
humaine nepermet, quand il est connu, de le considérer comme allant de soi. Ilreste le
mystère insondable; bien plus, il est une folie pour lasagesse des hommes. Si nous
cherchons sa raison d'être, c'est en luiet non en nous que nous la trouvons. Il est à la
fois le principe deson existence, puisqu'il ne dépend que de soi, et la source de
notreconnaissance, puisque ce que nous savons de lui nous ne le savons quepar lui.
La certitude de l'amour est elle-même un don de l'amour.«Dieu a tant aimé le
monde...» (Jn 3:16). Comment aurions-nouspu le savoir, s'il ne nous l'avait lui-même
dit? Et pourquoi nousl'a-t-Il dit, sinon parce qu'il nous aime? La Révélation tout
entièren'a de sens que par l'amour surnaturel qui l'a voulue et réalisée. S'il en est
ainsi, il est aisé de comprendre que l'amour, premierdans l'ordre de l'existence, n'ait
été saisi que le dernier dansl'ordre de la connaissance. Sa réalité était si incroyable,
elledépassait tellement tout ce que l'homme pouvait concevoir ouimaginer, qu'il lui a
fallu des siècles et des siècles pour arriver àsortir de la nuit de l'ignorance. Avec quelle
timidité, à travers quels tâtonnements et quelleshésitations les Inspirés de l'A.T. se
risquent à l'affirmer! Le faitmême de l'alliance établie par Dieu entre lui et Israël s'est
imposéà leur esprit; il a été le fondement de leur foi et, dans les mauvaisjours, le
secret de leur espérance. Mais ils n'ont compris que forttard le pourquoi de ce fait.
Osée, le premier (milieu du VIII esiècle av. J.-C), parle de l'alliance de Jéhovah avec