meilleur des amis. De qui est-on le prochain? De toutecréature humaine (Lu 10:25
et
suivants
). Cette amitié n'est pasle luxe de quelques-uns, mais le devoir pour tous; elle
instaure lafraternité. Ce n'est pas que le coeur de Jésus ait été sans nuanceset qu'il se
soit contenté de l'amitié universelle. Parmi sesdisciples, il choisit douze amis (Mr 3:14);
parmi ces douze,trois sont ses plus intimes (Mt 17:1,Mr 5:37,Mr 14:33
etsuivant
), et
parmi ces intimes il y a le confident, tendre, ardent etgénial, qui, seul, le suivra
jusqu'au pied de la croix, auquel Jésusconfiera sa mère et que le 4 e évangile désigne
d'un mot: «Celui queJésus aimait» (Jn 19:25). Quelle grâce aussi et quel abandondans
les rapports de Jésus avec le foyer de Béthanie! (Lu 10:38
et suivant
, Jn 11:5 12:2
et
suivants
). Quand Jésus a pleuré,c'était sur la mort d'un ami (Jn 11:35). Jésus, qui a
connu les amitiés intéressées, qui les adémasquées (Lu 7:41 14:12) et stigmatisées (Jn
6:70,Mt26:50,Jn 13:27), a pratiqué envers les siens une amitié si dévouée,si
persévérante, si inspiratrice, qu'elle leur a rendu sensible lecoeur même de Dieu. Sans
doute, Aristote avait déjà dit qu'on doitaimer ses amis non pour soi mais pour eux;
cependant l'idée ne luiétait pas venue qu'on pourrait les aimer jusqu'à renoncer à soi-
mêmepour eux. Telle a été l'amitié unique et rédemptrice que Jésus arévélée au monde:
«Vous êtes mes amis, dit-il à ses disciples, je nevous appelle plus serviteurs parce que
le serviteur ne sait pas ceque fait son maître; je vous ai appelés mes amis, parce que je
vousai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père» (Jn15:14). Et, de fait, Jésus,
tout le long de son ministère, lesinitie aux richesses du Royaume des cieux. Pensant
non à lui et à sesdifficultés, mais à eux et à leur salut, il s'est consacré à sesdisciples,
ne leur a rien caché des sentiments qui agitaient son âme,pas même sa tentation. Il
les a introduits dans sa vie derenoncement; il a embrasé leur âme au feu de sa
miséricorde, il leura montré la joie du sacrifice en se dépouillant de lui-même: «Il y
aplus de bonheur à donner qu'à recevoir» (Ac 20:35). L'oeuvre desa passion, l'approche
de la mort, le pressentiment de la gloire, nel'ont pas distrait un instant de ses amis
terrestres: «Comme il avaitaimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à
lafin» (Jn 13:1). Ainsi les préparait-il à comprendre poureux-mêmes qu' «il n'y a pas de
plus grand amour que de donner sa viepour ses amis» (Jn 15:13), et que la joie parfaite
(Jn15:11) ne se trouve ici-bas que dans l'union du sarment avec lecep (Jn 15:5), dans
les fruits d'une consécration entière auChrist, dont la vie immolée et rayonnante doit
être continuée danscelle de ses rachetés. Ce que Jésus avait commencé par sa parole,
par son exemple, ill'a continué par son action dans les âmes, après sa résurrection,
sonretour auprès du Père et l'envoi de son Esprit. Il est devenu ainsi,pour ceux qui
mettent en lui leur confiance, l'ami parfait,intérieur, éternel, «l'assistant», le divin
consolateur (Jn14:16). Voir Esprit, Paraclet. Les autres amitiés, même les plus
intimes, même entre chrétiens,rencontrent toujours des barrières dans les
tempéraments, lesprofessions, le rang social; il y a la timidité, le souci de ne passe
découvrir, la crainte d'être incompris, de blesser ou d'êtreblessé par une parole. Quels
sont les êtres, si proches soient-ils,qui se connaissent parfaitement, qui se pénètrent