Page 446 - Dictionnaire Westphal

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ALLIANCE (le livre de l')
Hébr.
sépher habbe-rith.
On appelle ainsi, d'après Ex 24:7,le plus ancien code des lois
hébraïques que renferme le Pentateuque,et qui se trouve dans l'Exode, à la suite du
décalogue: Ex20:22-23:33. Ce code appartient au document E. Bien que faisantpartie
de la même source, on ne saurait tenir le code de l'alliancepour la suite du décalogue.
Tout montre que le livre de l'alliance n'est ni une loidirectement promulguée par Dieu,
ni un ensemble de lois nouvelles,nées des circonstances qui présidèrent à la
constitution du peuplehébreu par Moïse, mais qu'il présente une collection de
décretsjuridiques et de préceptes rituels dont la plupart remontent forthaut dans
l'antiquité. Plusieurs de ses articles sont identiques àceux que l'on trouve dans le code
d'Hammourapi qui date du mêmesiècle qu'Abraham. D'autres proviennent aussi des
mêmes sources, maisavec des différences qui ne mettent pas toujours la douceur du
côtédes Hébreux. Ainsi dans les deux lois parallèles relatives à lalibération d'un
esclave (il s'agit d'hommes libres qui s'étaientvendus ou avaient vendu leurs enfants à
terme pour s'acquittervis-à-vis d'un créancier): le code babylonien libère l'esclave
aprèstrois ans de service (art. 117) tandis que le code hébreu en exigesix (Ex 21:2).
Dans un code comme dans l'autre, l'introduction:«Si...» est caractéristique; il s'agit de
règles pour guider lesjuges et, comme dit le code babylonien, pour éclaircir l'affaire
desopprimés. La loi du Talion est à la base dans les deux codes; maisl'un et l'autre
admettent des équivalences et des compensations. Oncomparera avec intérêt C. d'H.
art. 1-2 avec Ex 22:18; art. 4avec Ex 23:8; art. 8 avec Ex 21:36 22:2-3; art. 9 avecEx
22:7-9; art 14 avec Ex 21:16; art. 210 avec Ex22:1,2; art. 120-126 art. 130 avec Ex
22:16; art. 155-156 avecEx 22:16; art. 171 avec Ex 21:10-11; art. 195 avec Ex21:15-
17; art. 196: «OEil pour oeil» et art. 200: «Dent pour dent»avec Ex 21:24-25; art. 199
avec Ex 21:26-27; art. 250 avecEx 21:28,29,32. En somme, les deux codes, dans leurs
élémentsjuridiques ou de droit coutumier, présentent les mêmes principes avecdes
applications plus ou moins identiques suivant la différence desmilieux. Or, comme on
connaît aujourd'hui des lois sumériennes,notamment celles auxquelles se réfère le
dernier roi de Lagach,Urukagina (vers 2800 av. J.-C), qui sont de vrais prototypes du
coded'Hammourapi, on peut conclure avec certitude qu'une bonne partie deslois du
livre de l'alliance a la même origine que celles du codebabylonien et que nous avons là,
dans un cas comme dans l'autre,l'adaptation d'une antique législation sumérienne
antérieure à Moïsede plus de quinze cents ans et en vigueur déjà depuis longtemps
àl'époque des patriarches. Le livre de l'alliance n'est pas un code systématique,
maisplutôt une collection ou ce qui reste d'une collection réunissant desgroupes de
lois d'origines diverses et où l'élément moral et socialse trouve mélangé à des
prescriptions rituelles, d'ailleurs peunombreuses. On peut y distinguer pourtant deux
parties: les jugements
(michpatim)
et les commandements ou paroles
(debarim).
Les
jugements
étaient sans doute d'abord des traditions oralescodifiées dans la suite pour
permettre aux juges plus ou moinscompétents d'appliquer la loi: dans tel cas, faites